La Ligue 1 trop loin du but

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Dans les autres championnats européens, les attaquants marquent plus de buts. Décryptage.

Arsenal était sur la pelouse de Newcastle samedi dernier. A vingt minutes de la fin, les Gunners menaient 4-0. Après un final complètement fou, les Magpies reviennent au score et égalisent. Score final : 4-4. Dimanche soir, Lyon et Bordeaux se sont quittés sur un match nul sans qu'aucune des deux équipes ne trouve l’ouverture. Pourquoi les autres championnats européens sont plus spectaculaires ? Europe1.fr vous propose un décryptage.

Le constat. Le week-end dernier, lors de la 22e journée, les attaquants de Ligue 1 ont marqué 17 buts. Poussif, bien trop poussif à côté des 43 buts inscrits en Angleterre, 31 en Italie ou des 27 en Espagne (l’un des plus faibles scores de la saison). La science des statistiques parle d’elle-même. En Ligue 1, quand vous vous installez dans les gradins, vous devez vous attendre à assister en moyenne à 2,32 buts par match. Un chiffre très bas si on le compare à celui de l’Allemagne (3,22). Enfin, les scores fleuves comme celui d’Arsenal (4-4) sont légion dans les championnats européens. En France, seule Lille a réalisé un très beau score en battant Lorient (6-3). Les autres matches se soldent plus souvent par des tristes 1-0.

La fuite des attaquants. Ne cherchez pas plus loin,"la première raison, c’est bien le manque d’attaquants", explique Guy Roux, consultant pour Europe 1 qui pointe du doigt le départ des "perles" dans les championnats étrangers. Karim Benzema en est la meilleure illustration. "Formé dans le club le plus puissant de France, Lyon, il a pourtant été transféré au Real Madrid l’année dernière", regrette Guy Roux. "De même, les grands attaquants étrangers ne sont pas en Ligue 1. Etant privé des meilleurs attaquants français et étrangers, il reste heureusement les produits des centres de formation". Insuffisant pour assurer le spectacle. Insuffisant pour enfiler les triplés comme Lionel Messi.

Une mentalité. Le championnat de Ligue 1 souffre aussi d’une certaine mentalité défensive. En 1998, la France a gagné la Coupe du monde avec sept joueurs défensifs (quatre défenseurs et trois milieux défensifs). Cette technique a fait ses preuves et les clubs s’évertuent à baser leur jeu sur une bonne défense. "Dans l’enseignement donné aux entraîneurs, il y a plus de temps consacré au jeu défensif qu’au jeu offensif ", précise Guy Roux. Et de poursuivre : "en France, dès la perte du ballon il y a un regroupement défensif de tous les joueurs et ça devient très difficile de passer. Alors que dans certains pays étrangers, quand on attaque, toute l’équipe attaque. Si l’attaque échoue, il y a une contre-attaque et ça augmente les possibilités de marquer des buts. C’est donc bien une raison stratégique".

Lille, l’exception. Reste une perle rare dans le championnat de Ligue 1. Avec 40 buts marqués en 22 matches, le LOSC est laseule équipe réellement offensive. Bien loin certes des 61 buts barcelonais, les attaquants lillois restent une exception en Ligue 1. "Lille attaque sans arrêt. Même quand ils mènent 3-0, ils continuent d’attaquer", insiste Guy Roux. La Ligue 1 n'est pas forcément vouée à l'ennui et aux 0-0 bien ennuyeux. Les dirigeants des clubs ont encore leur mot à dire. "Dans les centres de formation, il est encore temps de changer de mentalité", conclut Guy Roux.