L'émotion des joueurs tunisiens

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avec AFP , modifié à
HAND - Les Tunisiens, très émus, ont perdu face aux Bleus (32-19) dans un contexte particulier.

Les Tunisiens se sont battus. Sur le terrain de Lund-Kristianstad, en Suède, à plusieurs milliers de kilomètres de leur pays, Issam Tej et ses coéquipiers ont longtemps contesté la supériorité des Bleus avant de céder dans les vingt dernières minutes (32-19). Mais, aux yeux des joueurs, cette défaite restait anecdotique par rapport aux événements historiques qui secouent actuellement leur pays.

Alors qu'ils étaient en train de disputer la première mi-temps, leur président Zine El Abidine Ben Ali a fui la Tunisie après 23 ans au pouvoir. Et Anouar Zyad, l'un des tauliers de la sélection du haut de ses 32 ans, n'a pas manqué d'établir un parallèle entre la défaite sur le terrain et les événements en Tunisie. "C'est un match qu'on a gagné là-bas au pays, c'est très dur d'enlever un président, il y a beaucoup de pays arabes qui souffrent d'un manque de démocratie, et nous on l'a fait, c'est historique. C'est une grande victoire pour le peuple tunisien", a confié l’ailier à l'issue de la rencontre.

"On a pleuré sur le terrain"

Ce match entre la France et la Tunisie, deux pays habitués à s'affronter, avait débuté par un grand moment d'émotion avec une minute de silence observée en mémoire des victimes de ces tensions*. "Il n'y avait pas beaucoup de place pour se concentrer sur le hand, on était corps et âme avec eux là-bas en Tunisie", a poursuivi Anouar Ayed, qui, comme ses coéquipiers, portaient un crêpe noir sur son maillot. "Il y avait du sang par terre, nous on a essayé de verser juste un peu de sueur... et à un moment on a pleuré", a ajouté le joueur de Toulouse, toujours sous le coup de l'émotion.

Les joueurs, dont la préparation pour ce Mondial a été logiquement très perturbée, ont appris le départ de Ben Ali durant la seconde période. "On était étouffés pendant une vingtaine d'années, tu n'avais pas le droit de parler, pas le droit de penser, rien. Même quand on parlait entre nous on regardait derrière s'il n'y avait personne pour écouter", révèle Anouar Zyad, qui joue à Toulouse.

A l'instar de ses coéquipiers, l'ailier tunisien entend faire du parcours de son équipe en Suède un hommage aux personnes disparues. "Il y a des gens qui sont morts pour nous et pour nos enfants. Nous on va continuer à se battre au moins handballistiquement." L'Espagne, l'autre gros du groupe A avec la France, est prévenue. Lundi, à 17h30, les Tunisiens joueront bien plus qu'un simple match de handball...

* Le dernier bilan, publié jeudi, faisait état de 66 morts.