L’OM en plein psychodrame

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COUPE DE LA LIGUE - Marseille reçoit Lens, mardi soir (20h45), dans une drôle d'atmosphère.

L'OM, double tenant de la Coupe de la Ligue, entame la défense de son titre, mardi, face à Lens, au Stade Vélodrome. Trois jours après la victoire face à Ajaccio (2-0), la deuxième seulement en onze journées de championnat, les tensions ne semblent pas apaisées au sein du club marseillais. Europe1.fr vous présente les différents acteurs de ce psychodrame automnal à la provençale.

L'entraîneur, Didier Deschamps. A la veille de la réception d'Ajaccio, Didier Deschamps avait laissé entendre que tout le monde ne le soutenait pas au club. Derrière les non-dit, un nom : José Anigo. C'est donc l'entraîneur de l'OM qui a lancé les hostilités, en mettant délicatement sur la place publique le différend qui l'oppose à son directeur sportif. Celui-ci est sorti des ses gonds, samedi : "ça suffit de toujours se prendre pour Caliméro", a-t-il pesté. Lundi, "DD" a répondu à son tour à Anigo. "Jamais depuis que je suis dans le milieu du football professionnel, c'est-à-dire 27 ans, je n'ai pu entendre des propos injurieux à mon égard, comme ça a été le cas." Deschamps, qui a passé quatre ans au club et qui fut capitaine de l'équipe championne d'Europe en 1993, a même repris à son compte une terminologie giscardienne : "Personne n'a le monopole de l'amour de l'OM".

"Des propos injurieux", estime Deschamps :

Le directeur sportif, José Anigo. Si Deschamps peut s'appuyer sur son palmarès et ses résultats probants depuis son arrivée sur le banc, en 2009 (un titre de champion et deux Coupes de la Ligue en deux saisons), le directeur sportif de l'OM, lui, revendique le statut de vrai "minot". Ancien joueur du club (pendant douze ans), il était de la remontée historique du club en première division en 1984. Il fut également entraîneur du club en 2001 puis pendant dix mois en 2004, période durant laquelle il porta l'OM en finale de la Coupe UEFA. Une sacrée carte de visite. Homme de tempérament, Anigo a répondu à Deschamps samedi soir dans son style caractéristique : direct. Son pedigree 100% olympien - il est né à Marseille - lui vaut une forte cote de sympathie auprès des supporters. La garantie de garder son poste ? Pas sûr...

"C’est de l’irresponsabilité", considère Anigo :

Les supporters. A l'OM plus qu'ailleurs, les supporters pèsent de tout leur poids. C'est vrai dans les bons moments comme dans les mauvais. Samedi, lors de la réception d'Ajaccio, ils ont suivi une grève des encouragements et ont déployé quelques banderoles assez salées, aussi bien dirigées contre les joueurs ("Bougez-vous le c.. !"), que contre le club dans son ensemble ("Silence, on coule !") ou Didier Deschamps en particulier, avec ce "Gerets, reviens !". Prédécesseur de Deschamps, Eric Gerets, coach de septembre 2007 à mai 2009, est resté dans le coeur des Marseillais en raison de son franc-parler, mais aussi du jeu pratiqué à l'époque, jugé plus spectaculaire. Mais le technicien belge est aussi resté proche de... José Anigo. Et Deschamps soupçonnerait son directeur sportif d'agir en sous-marin pour ramener le Belge aux commandes de l'équipe première.

Le président, Vincent Labrune. Homme de communication, Vincent Labrune a dû apprécier à leur juste valeur les échanges par médias interposés entre Deschamps et Anigo. Mardi, l'ancien collaborateur de TF1 a souhaité mettre fin aux hostilités par le biais d'un communiqué, aux contours relativement policés. "Intérêt général", "échéances importantes", le texte ne tranche pas clairement entre Anigo et Deschamps, même si le directeur sportif de l'OM a écopé d'une amende. Vincent Labrune, dont l'arrivée à la présidence a coïncidé avec le renouvellement de contrat de Deschamps, cet été, (re)découvre l'explosif contexte marseillais, lui qui gère le club essentiellement depuis Paris.

La propriétaire, Margarita Louis-Dreyfus. Deux semaines avant le clash Deschamps-Anigo, la propriétaire, Margarita Louis-Dreyfus, avait, elle aussi, fait une sortie remarquée. "Je suis libre de vendre demain", avait-elle souligné dans Le Monde. Une semaine plus tard, elle déclarait n'avoir "aucune envie de vendre le club". La veuve de Robert Louis-Dreyfus, qui a hérité de l'OM, semble tâtonner dans sa façon de communiquer. Les derniers événements en date ne vont pas l’y aider…

Jean-Pierre Bernès avec Sami Nasri (930x620)

L’absent, Jean-Pierre Bernès. Proche de Deschamps, ennemi d'Anigo, agent de joueurs, figure du grand OM de Tapie, il est le noeud gordien de la situation explosive au sein du club phocéen, sans y être... Directeur général sous Tapie, Jean-Pierre Bernès fut condamné à deux ans de prison avec sursis à l'issue du procès VA-OM. Revenu progressivement dans le milieu de foot, il est aujourd'hui un agent incontournable qui compte dans ses rangs plusieurs internationaux français : Ribéry, Nasri (ici en photo à ses côtés lors du dernier PSG-Lyon), Gourcuff, Ménez ou encore Diarra, transféré cet été de Bordeaux à... Marseille. Lors de l'intersaison 2009, il est approché par le président de l'OM de l'époque, Jean-Claude Dassier, pour devenir son conseiller. José Anigo s'y oppose et met son départ dans la balance. Dassier cède : Bernès ne vient pas.

Les joueurs. Dans l'équipe actuelle de l'OM, il y a les joueurs que José Anigo a fait venir, comme Mandanda ou Valbuena, et ceux que Deschamps a désirés, comme Lucho ou Diarra. C'est une réalité. De là à dire qu'il y a une ligne de fracture dans le vestiaire, avec les pro-Deschamps d'un côté et des les pro-Anigo de l'autre, c'est autre chose. Interrogé sur la question, dimanche soir, dans le "Canal Football club", sur Canal+, Souleymane Diawara a fait une réponse de normand en déclarant dans les faits : "ce qui nous intéresse, c'est le terrain". C'est sûrement le terrain, d'ailleurs, qui est le plus à même de détendre un minimum les relations au sein du club marseillais. Et ça commence par une victoire, mardi soir, face à Lens. Même si samedi, c'est après une victoire que le feu a pris...