L'Espagne reste au sommet de l'Europe du foot

Joie des joueurs du Séville FC (1280x640)
Les joueurs du Séville FC sont venus à bout du Chakhtior Donetsk, jeudi soir, en demi-finales. © Jorge GUERRERO/AFP
  • Copié
Avec trois clubs en finale des Coupes d'Europe, l'Espagne réédite la performance réalisée lors de la saison 2013-14.

Avec l'élimination de Villareal jeudi soir par Liverpool en demi-finales de la Ligue Europa (1-0, 0-3), l'Espagne a certes manqué l'occasion de réussir le Grand Chelem en plaçant quatre clubs sur quatre en finale des deux Coupes européennes. Mais avec trois représentants sur quatre - Atlético de Madrid et Real Madrid en Ligue des champions, Séville FC en Ligue Europa -, la Liga égale sa meilleure performance de l'histoire. Qui ne remontait qu'à deux ans seulement, en 2013-14, avec les trois mêmes clubs. À l'époque, le Real et le Séville FC l'avaient emporté. La saison dernière, la Liga a remis ça, cette fois avec le Barça et Séville. En résumé, aucun club autre qu'espagnol n'a remporté de Coupe d'Europe depuis 2013. Et cette année, seul Liverpool a l'occasion de rompre la série…

Huit finalistes sur douze depuis 2013-14. Les chiffres sur ces trois dernières saisons sont édifiants. Quand l'Espagne a envoyé huit clubs en finale depuis 2013, l'Angleterre, l'Italie, l'Ukraine et le Portugal n'en ont envoyé… qu'un. L'Allemagne, la Russie et la France, aucun. De fait, l'indice UEFA de l'Espagne n'a cessé de gonfler (il est aujourd'hui de 105,42 points), soit près de 25 unités de plus que le deuxième de ce classement, l'Allemagne, qui bénéficie de la présence au plus haut niveau du Bayern Munich, 2ème meilleur club d'Europe à l'indice UEFA, au milieu, bien sûr, de trois clubs espagnols (Real 1er, Barça 3ème et Atlético 4ème). Mais la domination espagnole s'inscrit dans la durée. Depuis 2006, la Liga a emmené 15 clubs en finale, contre 9 à l'Angleterre et 5 à l'Allemagne. Et zéro à la France. Et encore, l'hégémonie espagnole pourrait être plus impressionnante encore.

En effet, les clubs espagnols ont régulièrement la malchance d'être éliminés par des clubs… espagnols. Depuis trois saisons, ce fut le cas 80% du temps. Cette saison, par exemple, le Barça a été éliminé par l'Atlético en Ligue des champions. En Ligue Europa, Valence (reversé de la Ligue des champions) a été éliminé par l'Athletic Bilbao, avant que celui-ci ne soit éliminé par Séville en quarts. Lors des 52 dernières confrontations entre un club espagnol et un club étranger en phases à élimination directe d'une Coupe d'Europe, le club espagnol est passé 48 fois !

La Roja au top, les meilleurs joueurs en Liga. Comment expliquer une telle domination ? Les clubs espagnols ont bien évidemment profité à plein d'une génération dorée. La sélection espagnole a remporté trois grandes compétitions consécutivement : l'Euro 2008, le Mondial 2010 et l'Euro 2012. Et comme les joueurs espagnols sont ceux qui s'exportent le moins en Europe, les clubs ont été les premiers à en profiter.

À l'origine de ce cercle vertueux, il y a l'excellence de la formation espagnole. Mais pas seulement. La Liga et ses clubs ont su également attirer les plus grandes stars, à l'instar de Cristiano Ronaldo au Real (transféré en 2009) ou de Neymar et de Luis Suarez au Barça plus récemment (avec des arrivées respectives en 2013 et en 2014). Et puis, il y a bien évidemment le quintuple  Ballon d'Or Lionel Messi, principal artisan des succès du Barça depuis plus de dix ans maintenant.

Du talent sur le terrain, mais pas seulement. Mais le talent des clubs espagnols n'est pas seulement sur le terrain. Il l'est également sur les bancs et dans les gradins. Ce n'est pas un hasard si, cette saison, les quatre techniciens présents dans le dernier carré de la Ligue des champions (Simeone, Zidane, Guardiola et Pellegrini) ont tous fait leur classe en Liga. Les directions des clubs apportent également leur pierre à l'édifice. Ici, pas question de brader la Ligue Europa ou de faire tourner l'effectif : on joue la compétition pour la gagner.

Derrière les deux monstres sportifs et médatiques que sont le Real et le Barça, les clubs moins huppés ont également su développer une politique sportive adaptée. L'Atlético et le Séville FC ont ainsi fait de vraies trouvailles en termes de recrutement, ce qui leur a permis par la suite de revendre leurs nouvelles stars à prix d'or, nourrissant leur projet à venir. Enfin, les supporters ne sont pas en reste. Il fallait voir l'ambiance, jeudi soir, au stade Sanchez-Pizjuan de Séville pour se rendre compte que de l'autre côté des Pyrénées, on ne boude pas la Ligue Europa, loin de là.

Au niveau des dettes, ça va mieux aussi. Les esprits les plus critiques envers la réussite des clubs espagnols pointent régulièrement l'état de leurs finances. En effet, les pensionnaires de Liga ont souvent présenté des comptes dans le rouge - notamment le Real, club n°1 en Europe -, sans pour autant s'exposer à des sanctions, faute d'une politique sportive européenne répressive. Mais cette semaine, la Ligue espagnole a indiqué que la dette cumulée des clubs professionnels, qui était de 317 millions en septembre, allait passer sous les 200 millions à la fin de la saison. Sur ce plan là aussi, les clubs espagnols sont en train de gagner.