Indien en vue pour Banque Populaire

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Par Laurent Duyck , modifié à
Dix jours après avoir coupé la ligne de départ du Trophée Jules-Verne, Banque Populaire V en termine déjà avec l'océan Atlantique. Loïck Peyron et ses hommes sont en effet attendus au Cap de Bonne-Espérance dimanche matin, avec une avance confortable sur le tableau de marche de Groupama 3 grâce à un contournement de l'anticyclone de Saint-Hélène d'une rare fluidité.

Dix jours après avoir coupé la ligne de départ du Trophée Jules-Verne, Banque Populaire V en termine déjà avec l'océan Atlantique. Loïck Peyron et ses hommes sont en effet attendus au Cap de Bonne-Espérance dimanche matin, avec une avance confortable sur le tableau de marche de Groupama 3 grâce à un contournement de l'anticyclone de Saint-Hélène d'une rare fluidité. Arrivé mardi au Cap d'où il s'élancera le week-end prochain avec son équipage pour la deuxième étape de la Volvo Ocean Race, Franck Cammas ne pourra s'empêcher dimanche d'avoir un oeil sur le large. Là-bas, à quelques milles du Cap, un de ces maxi-trimarans qu'il avait l'habitude de barrer avant de se lancer dans l'aventure du monocoque en équipage s'enfoncera droit vers l'océan Indien. Parti le 22 novembre dernier à l'assaut du Trophée Jules-Verne, propriété de Cammas et de ses hommes depuis mars 2010, Banque Populaire V est en effet attendu au large du Cap de Bonne-Espérance après seulement douze jours de mer. Au moins deux de moins que Groupama 3 lors de sa tentative fructueuse début 2010... C'est certes peu à l'échelle d'un tour du monde (il lui restera encore quelque 17000 milles à parcourir) mais beaucoup au regard de son avance à l'équateur, qui n'était alors que de quatre heures, 11 minutes et 37 secondes. Une accélération qui s'explique par des moyennes forcément élevées depuis la sortie du Pot au Noir, grâce à des alizés bien orientés et surtout bien établis. Résultat, Banque Populaire V a pu enrouler en toute tranquillité l'anticyclone de Saint-Hélène, se permettant même un check-up complet du bateau mercredi (sans qu'aucun bobo ne soit découvert ou du moins signalé), là où Groupama 3 avait « tricoté » sur la dorsale ouest de cette bulle en 2010, perdant de fait beaucoup de vitesse. Accélérer sans prendre de risque "C'est une trajectoire coulée qu'on doit à notre navigateur Juan Vila, à Loïck et aux barreurs qui s'appliquent à respecter les indications, appréciait jeudi le Suisse Yvan Ravussin. Le secret de ce tour réside quand même dans des trajectoires les plus courtes possibles et sur ce premier quart de parcours on est bien parti pour réaliser cet objectif. La météo est avec nous, on ne va pas s'en plaindre. C'est un bonheur, tout le monde est heureux d'avoir ces conditions là et de pouvoir avancer et grappiller des jours sur ce record qui va être difficile à battre. On a d'excellentes conditions pour faire parler la vitesse de ce bateau magnifique et on prend énormément de plaisir à la barre avec toute l'équipe, à faire des grandes parties de glisse." Et la suite devrait être du même tonneau pour les hommes de Loïck Peyron, un skipper heureux et pas seulement parce qu'il a fêté ses 52 ans jeudi. Ce front porteur devrait en effet accompagner le maxi-trimaran aux couleurs de Banque Populaire jusque dans l'océan Indien. "On va donc pouvoir allonger un peu la foulée, tout en restant conservateurs", résumait Ravussin. Ce que Peyron expliquait autrement ce vendredi midi: "Nous faisons un travail, avec Marcel van Triest et Juan Vila, qui s'attache à éviter les zones de vent trop fort et de mer trop difficile. Depuis ces dernières 24 heures, la mer s'est levée et nous avons ralenti un peu pour essayer de ne pas sur-toiler le bateau. Nous sommes actuellement sous deux ris/trinquette. Globalement, nous sommes toujours en deçà de ce qu'on peut faire. La différence entre le potentiel du bateau et le rythme que nous tenons est d'autant plus importante qu'on ralentit facilement parce qu'on a de l'avance. C'est un petit matelas qui n'est pas encore assez gros, mais ça nous permet un certain confort." Un confort relatif, les 14 hommes de bord ayant plongé dans les mers du Sud, les vraies. "Nous sommes au milieu de l'Atlantique Sud et ce n'est plus du tout la croisière, rappelait le skipper baulois. Depuis presque 24 heures, nous sommes dans les fameux quarantièmes rugissants. Nous avons 30/35 noeuds de vent, une vitesse moyenne entre 30 et 35 noeuds, le tout dans une eau à 8°C qui ne cesse de chuter. On peut dire qu'on est dans le grand bain. Nous avons sorti les polaires. On est déguisés en oignons et on va rajouter des couches au fur et à mesure. Nous avons vu les premiers albatros hier, de loin, mais ça marque quand même un peu les choses." Ça marque la porte d'entrée de l'Indien...