Hénique, le bac avec mention bronze

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LAURENT DUYCK , modifié à
Mélanie Hénique n'en finit plus de pleurer. Hier après le baccalauréat. Aujourd'hui à l'issue de la finale du 50 mètres papillon des Mondiaux de Shanghai. De joie, toujours, puisque la Picarde de 18 ans a été aussi surprise de décrocher son bac ES en juin, que de monter sur la troisième marche du podium samedi. Deux belles récompenses pour une jeune fille qui ne plie jamais devant les difficultés.

Mélanie Hénique n'en finit plus de pleurer. Hier après le baccalauréat. Aujourd'hui à l'issue de la finale du 50 mètres papillon des Mondiaux de Shanghai. De joie, toujours, puisque la Picarde de 18 ans a été aussi surprise de décrocher son bac ES en juin, que de monter sur la troisième marche du podium samedi. Deux belles récompenses pour une jeune fille qui ne plie jamais devant les difficultés. "C'est une combattante. Elle en veut toujours. Il n'y a pas grand-chose qui peut l'arrêter", nous avait prévenus la veille Jérémy Stravius, son "grand frère" du pôle d'Amiens. Mélanie Hénique en avait fait la démonstration il y a quelque semaine en décrochant son bac ES, au rattrapage a-t-elle l'honnêteté de préciser, à sa plus grande surprise. "Je pensais l'avoir en deux ans. Je n'avais révisé que trois matières tandis que dans l'eau on travaille tous les jours", avoue-t-elle. Pas de raison dès lors de ne pas viser une mention à Shanghai sur 50 mètres papillon. "Avec Michel (Chrétien, son entraîneur), on s'est dit que tout était possible. Dans une finale, on remet les compteurs à zéro et c'est reparti. J'y croyais à cette médaille. Michel me disait que j'avais un gros coup à jouer, que j'étais capable de battre le record de France", confie la Picarde. Bonne élève, même si ça ne l'a pas toujours été - "La première année (au pôle d'Amiens qu'elle a intégré à 13 ans, ndlr), je ne savais pas à quoi m'attendre. Je faisais un peu ma rebelle, je répondais. Je n'avais pas encore confiance en moi. Pas encore confiance en lui aussi", dit-elle - la jeune femme, 18 ans, a donné satisfaction à son professeur. Nouveau record de France (25"86) et troisième place sur le podium, Hénique avait du mal à trouver les mots pour décrire sa joie après être tombé en larmes dans les bras de son entraîneur. "Je ne sais pas quoi dire. J'y croyais mais ce n'était pas gagné d'avance. Michel me dit toujours que c'est toujours au pied du mur que j'arrive à faire quelque chose." Nouvelle démonstration, elle n'a touché le mur qu'un petit centième devant la Chinoise Ying Lu et la Suédoise Sarah Sjoestroem (25"87) après être sorti du plot la première - "c'est l'un de mes points forts avec la coulée" - et avoir "serré les fesses" jusqu'à sa respiration, le tout les "yeux fermés". Le texto à Bernard Les yeux fermés, elle pourrait aujourd'hui suivre Michel Chrétien, l'homme à l'origine de cette réussite et de celle, ne l'oublions pas, de Stravius. "On a un coach extraordinaire. Il nous aide vraiment. Il fait tout pour que l'on soit bien, pour qu'on soit dans de bonnes conditions. Et puis quand ça ne va pas, il sait trouver les mots. Sans lui, on ne serait pas là aujourd'hui", loue-t-elle, consciente de devoir beaucoup à cet homme du sérail, pour aller vite dans l'eau comme pour traverser les difficultés de la vie. "C'est une fille de caractère. Mais elle est aussi généreuse et cette générosité elle l'a exprimée de belle manière", lui répond l'intéressé. "Elle est dans l'affectif, et ça aussi ça la rend forte", ajoute-t-il. Une fille pétillante qui a grandi vite, dans l'eau (record de France en 2008, premiers Mondiaux en 2009 à Rome, médaille de bronze européenne à Budapest l'été dernier jusqu'à cette récompense mondiale), comme en dehors. "Je vis des choses extraordinaires, dit-elle. Humainement, je ressors de ces compétitions grandies, avec une expérience unique. Grandir dans cette équipe de France m'a permis de mûrir." Chrétien abonde : "Comme Jérémy, elle s'est fait une place dans cette équipe de France. De timide, elle s'est rendu compte qu'elle était comme les autres." Décomplexée, "elle est très forte quand elle voit des nageuses d'un plus grand standing qu'elle, ça la motive", analyse son entraîneur, au point d'envoyer un message d'encouragement à Alain Bernard dans la navette qui l'amenait à la piscine. "Je lui ai dit que c'était un grand champion, raconte-t-elle. On peut compter sur lui, ce n'est pas n'importe qui, c'est un champion olympique. On a tendance à l'oublier, il a eu des moments difficiles, c'est sûr, mais il va s'en sortir. C'est quelqu'un que j'admire énormément. Il est simple, il se met à ton niveau, il ne te prend pas de haut." Avec lui, elle rêve désormais de participer aux Jeux de Londres. "Les études, c'est bouclé, le 50, c'est bouclé, je vais pouvoir me mettre au 100 mètres, annonce-t-elle. Il me reste plus que le retour à travailler. Jusque là, c'est toujours passé, il n'y a pas de raison pour que ça ne passe pas." Jérémy Stravius ne dirait pas le contraire.