Federer, un rebond en questions

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Roger Federer, qui restait sur cinq défaites consécutives contre son grand rival espagnol, a mis fin dimanche à Madrid à l'invincibilité de Rafael Nadal sur terre battue pour remporter son premier tournoi de l'année. Si elle peut soulager le Suisse d'un poids, pas sûr cependant que cette victoire puisse trouver un écho favorable à Roland-Garros. Explications.

Roger Federer, qui restait sur cinq défaites consécutives contre son grand rival espagnol, a mis fin dimanche à Madrid à l'invincibilité de Rafael Nadal sur terre battue pour remporter son premier tournoi de l'année. Si elle peut soulager le Suisse d'un poids, pas sûr cependant que cette victoire puisse trouver un écho favorable à Roland-Garros. Explications.Comment a-t-il gagné ?Sans jouer son meilleur tennis. S'il a bien tenu son revers, Federer a encore enregistré trop de déchets sur son coup droit, preuve qu'il doit jouer avec les lignes pour espérer déborder Nadal. En délicatesse avec son engagement depuis le début de la saison, le Suisse a en revanche retrouvé une première balle digne de ce nom (6 aces et 62% de premières balles) mais aussi une deuxième balle capable de perturber le relanceur (68% de points gagnés sur sa deuxième balle). Au niveau tactique, il faut également noter un léger changement d'attitude. Alors qu'il apparaissait sans solution face à l'Espagnol ces derniers mois, l'ancien n°1 mondial a varié son jeu avec la batterie d'arme qu'on lui connaît: enchaînements service-volée, amorties et même quelques retours-volées. "J'ai l'impression de n'avoir effectué que des bons choix aujourd'hui et au bout du compte, cela donne l'impression d'avoir été facile. C'est donc une victoire parfaite pour moi", a réagi l'intéressé qui est apparu résolument positif dans son jeu dimanche. Une attitude qui n'est pas étrangère non plus aux conditions particulières du central madrilène (voir ci-dessous). Dans quel état était Rafael Nadal ?Fatigué. Contraint de s'employer la veille face à Novak Djokovic qui lui a résisté pendant plus de quatre heures, le n°1 mondial n'était pas à 100% et ça s'est vu. Et ce même si Federer n'a pas voulu donner de crédit à cet argument. "Le long match d'hier n'a rien à voir là-dedans. Ce n'est pas la meilleure préparation, c'est sûr, mais nous sommes assez costauds pour le supporter. Nous n'avons pas fait beaucoup d'échanges", a souligné le Suisse. Un facteur sur lequel son adversaire, toujours aussi fair-play, n'a pas voulu insister: "C'est toujours mieux d'avoir un match d'une heure et demie la veille plutôt qu'un match de quatre heures. Mais c'est le sport et ça arrive parfois à certains, parfois à d'autres." L'Espagnol, qui n'a fait relâche qu'une semaine depuis un mois, manquait résolument de jus dimanche d'où un nombre inhabituel de fautes directes. Gageons qu'avec une semaine de repos complet d'ici ses premiers pas à Roland-Garros, le quadruple tenant du titre retrouvera toute son énergie. Les cartes sont-elles rebattues pour Roland-Garros ?Non. Fort de ses quatre titres consécutifs sur les courts de la Porte d'Auteuil et de sa saison sur terre où, rappelons-le, il n'a perdu qu'un match, Rafael Nadal reste le grand favori de Roland-Garros. Et Novak Djokovic, qui l'a poussé dans ses ultimes retranchements en demi-finale à Madrid après l'avoir déjà titillé à Monte-Carlo et Rome, reste le rival n°1 de l'Espagnol. Quoiqu'en pense Federer qui, s'il avoue avoir eu ces dernières semaines des doutes sur son jeu et sur ses chances à Paris, assure aujourd'hui que "les choses ont désormais changé" après avoir décroché le 15e Masters Series de sa carrière. Pour lui mais pas pour Nadal, comme il le souligne dans la foulée: "Je ne pense pas que cela va l'affecter. Après tout, il est en train de réussir une de ses meilleures saisons sur terre battue. Je suis sûr qu'à Paris on va retrouver un Rafa solide comme un roc." Un avis partagé par l'intéressé. "Je ne pense pas qu'il faille tirer trop de conclusions de cette défaite. Je ne pense pas que cela fasse une quelconque différence pour Roland-Garros", a-t-il confié, rappelant que l'altitude et la sécheresse du climat castillan ont tendance à atténuer l'effet de son lift, sa principale arme sur terre battue. "Le terrain était très sec et très rapide et l'a favorisé. Il y a des balles qui font le point alors qu'elles ne suffiraient pas ailleurs." Notamment à Roland-Garros... L'herbe sera-t-elle plus verte sous la terre ? Oui. S'il ne l'avoue pas par orgueil, cette victoire contre Rafael Nadal, contre qui il restait sur cinq défaites consécutives toutes compétitions confondues dont les trois dernières en finale de Grand Chelem (Roland-Garros 2008, Wimbledon 2008 et Open d'Australie 2009), va redonner confiance au Suisse, ne serait-ce parce qu'elle lui offre un premier titre cette année. "J'étais très près de le battre à l'Open d'Australie et à Wimbledon, alors je ne suis pas en train de me dire: "Enfin, ça y est, je l'ai eu !" Mais c'est vrai que cette victoire arrive au bon moment après les mauvaises défaites que j'ai subies cette saison", reconnaît l'ancien n°1 mondial. "En venant en salle de presse, j'avais l'impression qu'on ne parlait que de lui. Ça me travaillait, mais je ne voulais pas croire ce que disait la presse et je suis resté positif." Si certains peuvent penser que cette victoire tombe à pic pour Federer à une semaine de Roland-Garros, elle est surtout la bienvenue en vue de... Wimbledon, où il aura une revanche à prendre après sa cruelle défaite en cinq manches (6-4 6-4 6-7, 6-7, 9-7) la saison dernière. Une défaite dont il gardait des stigmates jusqu'à dimanche encore...