Euroligue : Nanterre dans un autre monde

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avec Christophe Lamarre , modifié à
BASKET - Le champion de France fait ses débuts européens, jeudi, contre le CSKA Moscou.
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Imaginez un club de foot de Ligue 1, comme Valenciennes ou Lorient, qui découvrirait la scène européenne face au FC Barcelone en Ligue des champions : c'est à peu près ce que va vivre Nanterre, jeudi soir, lors de ses débuts en Euroligue contre le CSKA Moscou, l'un des ogres de la scène européenne. Troisième du dernier Final Four, le club moscovite est un habitué des derniers carrés : il l'a atteint dix fois sur les onze dernières années ! La JSF Nanterre, elle, s'appuie d'abord sur sa magnifique dernière année, qui l'a vue remporter, à la surprise générale, le titre de champion de France avec l'un des plus petits budgets de Pro A. Cette année, il est de 4,5 millions, contre 42 au géant russe...

"On appréhende un petit peu"

Pascal Donnadieu (930x620)

"C'est génial d'être là. On appréhende forcément un petit peu, parce que là, on affronte quand même un ogre du basket européen, et on a peur d'être en grande souffrance dès le premier match", reconnaît le coach de l'équipe francilienne, Pascal Donnadieu (photo). "On va avancer avec nos qualités et nos défauts et on va voir ce qu'on est capable de faire, mais aujourd'hui, l'Euroligue, c'est vraiment très, très gros pour un club comme nous." Un "club comme nous", c'est-à-dire un club familial. Cette fois, le terme n'est pas galvaudé puisque la JSF Nanterre est présidée par Jean Donnadieu et entraînée par son fils, Pascal, qui veillent au destin des Verts depuis... 1987 ! A la tête du club, les Donnadieu ont tout connu (à commencer par dix montées en 15 ans !). Puis ce fut l'apprentissage du haut niveau, avec la Pro B, la Pro A en 2011 et le titre, inattendu, en 2013. Huitième de la phase régulière - au point-average ! -, la JSF a ensuite réussi l'exploit de battre Gravelines, Châlon et enfin Strasbourg en finale (3 victoires à 1)...

Exil à la Halle Carpentier, plus grande

Mouhammadou Jaiteh (930x1240)

Après un tel parcours, difficile de ne pas craindre la "saison d'après". D'autant qu'elle a plutôt mal commencé, avec une défaite lors du match des champions contre le Paris-Levallois (81-72) et un effectif, chamboulé, qui a mis un peu de temps à trouver ses marques (ici l'ancien Boulonnais Mouhammadou Jaiteh, photo). Mais, un peu à la surprise générale (encore !), Nanterre a entamé le championnat pied au plancher avec trois victoires de rang, à Strasbourg et Nancy, deux candidats au titre, et contre Antibes, rossé au Palais des Sports de Nanterre (85-58). Ce début de saison réussi sur le plan domestique permet de mettre le club dans les meilleures conditions à l'heure de débuter l'Euroligue. Car, cette compétition, qui constitue le must absolu derrière la NBA, oblige les clubs à des efforts. Et pas seulement sportifs. Comme c'est le cas également en Ligue des champions de foot, les clubs sont en effet soumis à un imposant cahier des charges, qui concerne à la fois les conditions de retransmission, l'accueil des équipes adverses et bien sûr la salle d'accueil. Le Palais des Sports de Nanterre trop exigu, la JSF disputera donc ses matches à domicile à Paris, à la Halle Carpentier, d'une capacité de 4.800 places.

Un objectif : "ne pas être spectateurs"

Jeudi soir, tout devrait donc être prêt pour accueillir les stars du CSKA, le Russe Viktor Khryapa ou les Serbes Milos Teodosic et Nenad Krstic. "Ce sont des joueurs que l'on voyait jusqu'ici à la télé. C'est juste incroyable", reconnaît le pivot des champions de France, Johan Passave-Ducteil. Le coach des Nanterriens, qui sera lui opposé à une légende du coaching européen, l'Italien Ettore Messina (quatre victoires en Euroligue à son palmarès) espère que cette émotion ne va pas inhiber ses joueurs. "Je pense que le plus gros danger pour nous, ce ne serait même pas de gagner ou de perdre, ce serait d'être spectateurs et de les regarder faire", souligne Alain Donnadieu. Pour sa première européenne, la JSF a été gâtée puisque, outre le CSKA Moscou, son groupe compte également le Barça et Fenerbahçe, deux autres ogres européens. Définitivement un autre monde, dans lequel Nanterre espère exister.