Etincelle dans la Ville éternelle ?

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LAURENT DUYCK , modifié à
Battu à Twickenham par l'Angleterre (9-17), le XV de France n'a plus grand-chose à espérer de sa fin de Tournoi des Six Nations. Si ce n'est, encore et toujours, de se rassurer en vue de la Coupe du monde. Le déplacement à Rome, samedi dans le cadre de la quatrième journée, doit y contribuer même si l'Italie entend rivaliser avec les Bleus en mêlée.

Battu à Twickenham par l'Angleterre (9-17), le XV de France n'a plus grand-chose à espérer de sa fin de Tournoi des Six Nations. Si ce n'est, encore et toujours, de se rassurer en vue de la Coupe du monde. Le déplacement à Rome, samedi dans le cadre de la quatrième journée, doit y contribuer même si l'Italie entend rivaliser avec les Bleus en mêlée. Avec tout le respect dû à William Servat, indispensable pilier de la mêlée française comme ne peut que l'admettre aujourd'hui Marc Lièvremont malgré son irrépressible envie de faire tourner son effectif, il serait bien malheureux que le XV de France ait peur de l'Italie. On veut bien qu'elle dispose de l'une des meilleures mêlées au monde, assurément plus puissante que celle de l'Angleterre, encore que beaucoup moins vicieuse, la Squadra Azzurra n'en reste pas moins l'éternel maillon faible de ce Tournoi des Six Nations, une équipe contre laquelle la France n'a jamais perdu en 11 confrontations dans la compétition et qui « disputera » à n'en pas douter la cuillère de bois à l'Ecosse dans une semaine. Il se dit même que Nick Mallett, le sélectionneur de l'Italie, aurait fait l'impasse sur cette rencontre pour mieux préparer la suivante, qui pourrait en cas de défaite signer sa sortie avant même la Coupe du monde... Mais puisqu'il fallait bien trouver un levier pour se remobiliser après la défaite concédée à Twickenham (9-17), les Bleus ont joué à se faire peur toute la semaine à Marcoussis. Comme si leurs prestations depuis l'été dernier ne suffisaient pas... "Ce sont des latins, comme nous, ils sont fiers et ils ont perdu leurs trois premiers matches, résume Imanol Harinordoquy. C'est leur dernière en Italie, je n'ai même pas besoin de me mettre à leur place, ils vont vouloir faire bonne figure et gagner ce match, ils vont tout donner jusqu'à la mort (sic). C'est bien aussi d'en être conscient et de ne pas arriver la fleur au fusil." Pour l'avoir fait, Irlandais et Gallois ne sont pas passés loin de la correctionnelle, ont chanté en choeur Thierry Dusautoir et ses coéquipiers. "Ça peut être un match piège", insiste Maxime Médard. "Je suis sûr que, pour vous, si on gagne c'est normal et si on perd on peut tout changer." Au risque de contredire l'arrière toulousain, de retour de blessure, il y a bien longtemps qu'on ne croit plus à la révolution... En attendant les Gallois... Il suffit de jeter un oeil sur le XV de départ français pour s'en convaincre, Marc Lièvremont ayant, peut-être là aussi pour se faire peur finalement, renouvelé sa confiance à Sébastien Chabal, plus incisif plume en main que le ballon sous le bras, ou encore à Yoann Huget, dont on se désespère d'attendre la confirmation au niveau international. Heureusement, ce ne sont que nos voisins italiens en face, eux qui derrière leur puissante mêlée n'ont donc qu'à offrir un "jeu assez direct, basé sur l'affrontement, sur la prise du milieu du terrain", synthétise avec la franchise qui le caractérise Clément Poitrenaud, l'autre épargné de l'Angleterre. Au point que l'équipe de France, poussive lors de ses trois premières sorties dans le Tournoi, risque de ne pas être plus renseignée sur son niveau à la sortie de cette balade romaine, attendant déjà avec impatience les Gallois pour aller chercher ce match référence derrière lequel elle court désespérément. "Ça reste l'Italie, c'est sûr", reconnaît Poitrenaud qui s'amuse déjà des conclusions que tirera la presse d'une victoire attendue à Rome. "J'ai l'impression parfois que je pourrais être journaliste sportif", s'esclaffe-t-il avant de tomber à son tour dans le prévisible : "Depuis le début du Tournoi, notre jeu est décrié. On n'a pas loisir à se relâcher, à faire l'impasse sur quoique ce soit. On est en chantier. On a besoin de se rassurer sur notre animation offensive, il faut réussir à trouver du liant, à trouver nos automatismes, à provoquer la défense adverse." Un refrain que l'on entendait malheureusement déjà en début de Tournoi à Marcoussis, preuve que les Bleus avancent au ralenti, s'ils ne sont pas au point mort. L'Italie tombe à pic pour contrarier cette triste impression. Car si la France peut aujourd'hui avoir peur, c'est bien d'elle-même.