Domenech sur Benzema : "Les joueurs doivent se montrer exemplaires"

Domenech avec Benzema (1280x640) Patrick KOVARIK/AFP
Raymond Domenech félicite Karim Benzema à sa sortie du terrain, en avril 2009. © Patrick KOVARIK/AFP
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Emilie Bonnaud et , modifié à
RÉACTIONS - L'ancien sélectionneur des Bleus revient sur les réflexions de Manuel Valls concernant la présence de Karim Benzema en équipe de France.
INTERVIEW

Mardi matin, sur Europe 1, le Premier ministre Manuel Valls, interrogé sur l'affaire de la "sextape" de Mathieu Valbuena, a jeté un pavé dans la mare en estimant à propos de Karim Benzema qu'un "grand sportif doit être exemplaire", faute de quoi il "n'a pas sa place dans l'équipe de France". A la tête des Bleus pendant près de huit ans, Raymond Domenech a été confronté à ce type de problématique quand la ministre de la Santé et des Sports de l'époque, Roselyne Bachelot, avait jugé en janvier 2010 que les mises en examen de Franck Ribéry et Karim Benzema (déjà) dans le cadre de l'affaire Zahia étaient "difficilement compatibles avec une présence en équipe de France".

"Au-delà de la récupération politique qui est faite par les ministres ou par les politiques sur le dos des sportifs, quand ça va bien ou quand ça ne va pas bien, je ne peux pas être en total désaccord avec ce qui se dit", considère Raymond Domenech. "Un sportif de haut niveau, c'est quelqu'un qui représente quelque chose. Quand on porte le maillot de l'équipe de France, on représente quelque chose. (Quand j'étais sélectionneur) Je leur disais souvent : 'vous êtes un exemple, que vous le vouliez ou non'."

"Une pression morale." Pour autant, le consultant football d'Europe 1 évoque davantage une pression "morale" que "politique". "Quand on est sélectionneur, on est aussi dans cette optique. Les joueurs représentent l'équipe de France et la France et doivent se montrer exemplaires." A l'époque, s'il n'avait pas retenu Benzema, Raymond Domenech, qui fait la différence entre une "mise en examen" et une "condamnation", avait sélectionné Franck Ribéry pour le Mondial 2010. "Ils n'étaient pas condamnés, et l'affaire n'était pas tout à fait la même", insiste-t-il. Dans le cas de l'affaire de la "sextape" de son coéquipier chez les Bleus Mathieu Valbuena, Benzema a été mis en examen le 5 novembre dernier pour "complicité de tentative de chantage". Raymond Domenech n'oublie pas de souligner que Nikola Karabatic, condamné en première instance pour escroquerie dans l'affaire des paris, a continué à porter le maillot de l'équipe de France de handball...

Entendu sur europe1 :
Ce n'est pas le Premier ministre qui va faire la sélection.

Plutôt d'accord sur le fond, Raymond Domenech ne partage pas forcément la méthode. "Si un responsable politique veut avoir du poids, il invite Didier Deschamps à discuter avec lui pour essayer de lui faire comprendre le message de la France qui, à l'heure actuelle, est un peu chargé d'émotion, de responsabilités par rapport aux événements", souligne Raymond Domenech. "Le sélectionneur a un poids. Il faut essayer de le voir en tête-en-tête et lui dire 'qu'est-ce qu'on peut faire ?' Ça, c'est de la vraie politique. Ce n'est pas mettre la pression, c'est essayer de comprendre la position du sélectionneur, la situation réelle et le poids du gouvernement."

Si aucune condamnation ne devait intervenir d'ici l'Euro, Raymond Domenech estime que les paroles du Premier ministre ne devraient pas avoir une grande influence. "Ce n'est pas le Premier ministre qui va faire la sélection. Ce n'est pas ce qu'il dit qui va peser sur la décision de Didier (Deschamps, le sélectionneur). Ce sont les conséquences que cette affaire peut avoir sur l'équipe de France, qui s'apprête à disputer un Euro à domicile. Ça, c'est un vrai poids, mais les déclarations du Premier ministre, bon..."

Benzema soutenu par son entraîneur au Real. Les déclarations de Manuel Valls, ajoutées à l'entretien accordé par Mathieu Valbuena au quotidien Le Monde vendredi dernier, ont eu le don de réveiller le camp Benzema. Mercredi, TF1, chaîne partenaire de l'équipe de France, diffusera dans son "20-Heures" un entretien de l'international tricolore, enregistré mardi à Madrid. En attendant de s'expliquer pour la première fois devant les caméras, l'attaquant du Real Madrid a reçu le soutien de son entraîneur en club, Rafael Benitez. "Je soutiens Karim en tant que personne et je suis enchanté de Karim comme footballeur", a réagi mardi le technicien espagnol en conférence de presse. "Je considère que c'est un joueur fondamental pour nous. Au niveau personnel, j'ai la même sensation que quiconque est amené à connaître Karim, c'est un garçon sensationnel. Il a tout notre soutien. Et au niveau footballistique, c'est un joueur de base pour nous parce que c'est notre joueur de référence devant. Il nous apporte de la qualité et il permet à ceux qui jouent autour de lui d'être encore meilleurs." A ce niveau-là, ce n'est plus du soutien, c'est de l'amour...