Borbiconi: "Il faut rectifier le tir"

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Propos recueillis par James ABBOTT , modifié à
Formé au FC Metz, Stéphane Borbiconi a passé la majorité de sa carrière chez les Grenats, et a tout connu avec ce club. Il s'est également exporté à l'étranger, trois ans en Turquie et une saison 2010-11 en Azerbaïdjan, des expériences qui l'ont "endurci". Il revient donc en Lorraine avec les idées claires pour une saison où il voulait figurer aux avant-postes, avant de devoir annoncer sa retraite dans le "Républicain Lorrain" ce mardi matin à cause d'une blessure récurrente au pied.

Formé au FC Metz, Stéphane Borbiconi a passé la majorité de sa carrière chez les Grenats, et a tout connu avec ce club. Il s'est également exporté à l'étranger, trois ans en Turquie et une saison 2010-11 en Azerbaïdjan, des expériences qui l'ont "endurci". Il revient donc en Lorraine avec les idées claires pour une saison où il voulait figurer aux avant-postes, avant de devoir annoncer sa retraite dans le "Républicain Lorrain" ce mardi matin à cause d'une blessure récurrente au pied. Comment s'est déroulée la préparation de Metz cet été ? On a eu une grosse charge de travail et ça s'est globalement bien passé, excepté bien entendu le dernier match amical contre Sedan (défaite 5-0). Mais globalement ça a été, il y a une bonne entente entre nous, les nouveaux se sont bien intégrés. Après l'effectif est encore à étoffer, le staff cherche des milieux de terrains offensifs notamment, donc le groupe devrait encore évoluer. Physiquement, on se sent bien car on a fait tout ce qui fallait au niveau du travail foncier, il reste des réglages au niveau tactique mais le groupe travaille bien et on essaie de rectifier ce qui a besoin de l'être. Cette claque face à Sedan et la cruelle défaite face au Havre (5-4 après avoir mené 4-1, ndlr) pourrait-elle avoir des séquelles sur le moral du groupe ? Dans un premier temps il y a eu Sedan, il y avait eu pas mal d'entrainements au stage, on avait fait tourner un peu et on est tombés sur une très bonne équipe de Sedan. C'est sûr qu'il faut en tirer les enseignements mais ce n'est pas non plus très révélateur. Mais contre Le Havre par contre, c'est vrai qu'on a de quoi avoir beaucoup de regrets, on menait 3-0, 4-1... Je pense qu'au niveau défensif il faut rectifier le tir, être beaucoup plus imperméables, et beaucoup plus intransigeants dans la récupération du ballon. La défense sera la clé d'une bonne saison ? En général les trois équipes qui montent sont les trois meilleures défenses. Et moi en tant que défenseur, je sais qu'il faut absolument être hermétique pour pouvoir prétendre à quelque chose, que ce soit pour la montée, le maintien ou faire une bonne saison en général. On ne peut pas espérer pouvoir faire quelque chose en prenant deux, trois ou cinq buts. C'est impossible. Même avec Ronaldo et Messi devant, si vous prenez cinq pions c'est difficile ! Je pense que le chantier prioritaire c'est la défense, et qu'il faut être beaucoup plus rigoureux. "En France on est chouchoutés !" C'est cette philosophie que défend votre entraineur Dominique Bijotat ? Non, parce qu'en fait le coach a une philosophie assez offensive, il prône le jeu rapide, le beau jeu, car il était milieu de terrain offensif dans sa carrière et ça transparait dans le jeu qu'il a envie de mettre en place. Mais quand vous voulez jouer, il faut aussi revenir aux bases, aux fondamentaux. C'est bien beau de jouer mais il faut être costauds au niveau défensif. Après c'est une question de priorités. Est-ce que vos expériences à l'étranger vont vous aider pour vous affirmer cette saison ? Bien sûr, chaque expérience est enrichissante et moi ça m'a beaucoup apporté que ce soit mes trois saisons en Turquie ou ma saison à Bakou (Azerbaïdjan) l'année dernière. Je me suis retrouvé seul, obligé de faire mes preuves, et on ne te fait pas de cadeau, c'est "tu joues, tu te débrouilles et il faut que tu sois bon", et ainsi on grandit de cinq ans en une saison. Tout repose sur vos épaules et même si on vous met dans de bonnes conditions, on se retrouve quand même seul. Ça m'a endurci, moi je sais que maintenant je peux jouer n'importe où, dans n'importe quelles conditions, parce qu'en France on est chouchoutés. Ici, si ça ne va pas, vous changez de club, ou le coach essaie de vous aider au niveau psychologique, alors qu'à l'étranger, tu joues ou tu dégages, en gros. Il faut s'adapter sur plein d'aspects, c'est plus difficile à mon sens. Je sais qu'ici ça ne pourra pas être plus dur que ce que j'ai vécu. Quels sont vos objectifs personnels pour la suite de votre carrière ? Vous aviez évoqué l'Angleterre par le passé. C'est plus un rêve qu'un objectif, parce que il faut pas se voiler la face, je suis en L2 en France, j'ai 32 ans, donc ce n'est pas maintenant que je vais aller à Arsenal ou dans des gros clubs ! Mais j'ai toujours été attiré par l'Angleterre, le pays, la culture, donc ce serait lier ma passion du foot et une expérience personnelle assez sympa, donc pourquoi pas. Vous êtes depuis 1999 au club donc vous avez pu assister aux nombreuses descentes et montées, que manque-t-il pour enfin se stabiliser ? De l'argent. Tout le reste, c'est du blabla. Si vous avez de l'argent, vous prenez des meilleurs joueurs, ça stabilise le club et point à la ligne ! C'est le nerf de la guerre. Après tout ne découle pas de ça. Mais il faut des moyens pour monter une bonne équipe, garder les joueurs et renforcer l'équipe pour rester en première division car il ne s'agit pas que de monter, ça ne sert à rien si on ne se stabilise pas. "Le public est frustré, tout comme nous." L'objectif pour 2011-12, c'est la montée ? Il n'y a pas vraiment d'objectif. Le club sort d'une année quasi-noire, avec le maintien acquis de peu. Il faut être réalistes, il ne s'agit pas de se dire que parce que c'est Metz et que le club a été en Ligue 1, on joue la montée direct. Le club s'est sauvé de peu, petit à petit il faut reconstruire l'équipe. Et avec en plus les départs de Diaz et Traoré qui ont été des grands artisans de la montée, l'équipe ne s'est que très légèrement renforcée depuis l'année dernière. Donc une première partie de tableau serait un bon résultat, ce serait bien. Déjà il faudrait ne pas jouer avec la peur au ventre, avec la pression de se dire "ce soir si on perd on est relégable". Le petit confort d'un matelas de cinq ou six points, de se dire "on regarde vers le haut, si on gagne on est bien, si on perd on n'a rien à craindre", c'est un luxe qu'on doit aller chercher. Est-ce que Mathieu Duhamel sera l'homme à suivre cette saison ? Il va apporter quelque chose c'est sûr car c'est un bon joueur. Sur ce que j'ai vu il a envie de bien faire, il est en confiance ici, il se sent bien donc je pense qu'il va faire une bonne saison. Après il n'est pas tout seul, j'espère qu'il y aura des révélations. Il y a des bons jeunes, il y a de quoi faire. Après il faut que la mayonnaise prenne, avec le petit brin de réussite au début pour avoir la confiance, et puis regarder vers le haut. Est-ce que le public n'est pas trop impatient de retrouver l'élite ? C'est un public qui a été habitué à voir le club en Ligue 1, à voir l'OM, Paris... Donc c'est clair que le public est frustré, tout comme nous. Il y a peut-être un peu d'impatience, d'incompréhension. Ce n'est pas facile, il y a beaucoup d'équipes et de gros clubs qui ont des moyens, ce n'est pas évident. Tout le monde aimerait voir le FC Metz en Ligue 1, donc j'espère que ce sera chose faite en fin d'année ou dans un avenir très proche.