Bastareaud résigné

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L.D. , modifié à
D'habitude taiseux alors que son cas fait régulièrement l'objet de commentaires, Mathieu Bastareaud a décidé de sortir de sa coquille pour se confier à nos confrères du Midi Olympique. L'occasion pour le centre parisien, sur les tablettes de Toulon la saison prochaine, de rétablir certaines vérités mais aussi de faire son deuil de l'équipe de France, du moins jusqu'à la Coupe du monde.

D'habitude taiseux alors que son cas fait régulièrement l'objet de commentaires, Mathieu Bastareaud a décidé de sortir de sa coquille pour se confier à nos confrères du Midi Olympique. L'occasion pour le centre parisien, sur les tablettes de Toulon la saison prochaine, de rétablir certaines vérités mais aussi de faire son deuil de l'équipe de France, du moins jusqu'à la Coupe du monde. Trop gros. Pas assez investi. Nerveux. Dilettante. Renfermé... La liste des reproches adressés à Mathieu Bastareaud est aussi importante que le potentiel qu'on lui prête, "immense" pour ne citer que Marc Lièvremont. Lequel n'est pas le dernier à pleurer le paradoxe Bastareaud. "Le problème de Mathieu, c'est que ça fait un an qu'on essaie de le sensibiliser sur la forme physique, sur l'investissement quotidien qui lui permettrait d'être plus performant. Il l'est, certes, dans notre Top 14, ponctuellement. A notre sens, il n'en fait encore pas assez pour être performant sur la durée", déclarait-il déjà en novembre. "En terme de prise de conscience, d'amélioration, de performance sur le terrain et d'état d'esprit, j'ai le sentiment de ne pas avoir été entendu et je le regrette", se justifiait-il encore à l'heure d'expliquer l'absence dans le groupe France du phénomène parisien du groupe pour le Tournoi des VI Nations 2011. Qui aime bien, châtie bien, paraît-il. Une méthode de management qui fait un flop auprès de l'intéressé... "J'aurais préféré qu'il me les (les critiques, ndlr) dise. Pas qu'il les balance publiquement comme il l'a fait", répond aujourd'hui Bastareaud dans les colonnes de Midi Olympique. "Je connais des joueurs qui marchent à l'orgueil. Lorsqu'on les pousse dans leurs retranchements, cela provoque une réaction de leur part. Ce n'est pas mon cas. Je ne fonctionne pas ainsi. Au contraire, cela fait six mois que j'en prends plein la figure. Je n'attends pas son soutien, mais s'il a de l'affection pour moi, comme il le dit, un petit geste d'encouragement n'aurait pas été de trop." "J'ai le sentiment d'avoir raté le dernier wagon" Un sentiment d'abandon d'autant plus difficile à vivre que le joueur aurait été « lâché » par son club, d'où seraient venus les mauvais retours en direction du staff de l'équipe de France. "Entendre cela indirectement, ça me déçoit et ça me fait réfléchir sur mon avenir", confie « Basta Rocket », loin d'être insensible aux avances du RC Toulon. Reste une réalité. Celle d'un joueur loin de son niveau de l'année dernière, lui qui avait participé à la conquête du Grand Chelem 2010 en ouvrant le Tournoi par deux essais face à l'Ecosse. L'intéressé en est le premier conscient. "J'en suis le premier déçu. Cela m'attriste. Et je n'ai aucune réponse à cela", dit-il, chassant d'un revers de main les interrogations sur son hygiène de vie. Propulsé à 20 ans en équipe de France et rapidement considéré comme le grand espoir du rugby français, Bastareaud a vécu un premier coup dur dans sa carrière l'été 2009 suite à la fameuse vraie-fausse agression de Wellington, un épisode sombre (et toujours pas élucidé) dont il ne veut pas parler. Le centre international s'en était relevé pour revenir plus fort lors du Tournoi 2010. Peut-il encore se relever ? "Je m'accroche, je bosse. Je suis sûr que cela reviendra. Tout sportif a des doutes. Pour moi, c'est en ce moment, il faut que je rebondisse", consent-il. A temps pour disputer la Coupe du monde ? Le Parisien n'y croit plus. "J'ai fait le deuil de l'équipe de France. Bien sûr que j'aimerais en être. Mais je me suis fait une raison. J'ai le sentiment d'avoir raté le dernier wagon." A moins que Marc Lièvremont ne se décide à lui tendre la main. Et que Mathieu Bastareaud ne tende pas l'autre joue...