Balmy: nagez danois !

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Rentrée bredouille de Budapest en individuel quand l'équipe de France y trustait les honneurs, Coralie Balmy n'a pas échappé à une nécessaire remise en cause, qui a conduit la Martiniquaise à s'exiler à la reprise de la saison sous la neige, au Danemark, pour un stage de dix jours destiné à percer les secrets de la championne du monde du 800m, Lotte Friis. Une expérience nouvelle que Balmy espère mettre à profit la semaine prochaine, à Dubaï, lors des Mondiaux en petit bassin.

Rentrée bredouille de Budapest en individuel quand l'équipe de France y trustait les honneurs, Coralie Balmy n'a pas échappé à une nécessaire remise en cause, qui a conduit la Martiniquaise à s'exiler à la reprise de la saison sous la neige, au Danemark, pour un stage de dix jours destiné à percer les secrets de la championne du monde du 800m, Lotte Friis. Une expérience nouvelle que Balmy espère mettre à profit la semaine prochaine, à Dubaï, lors des Mondiaux en petit bassin. Coralie Balmy, à 23 ans, demeure une énigme. Celle à qui on a collé peut-être un peu vite l'étiquette, forcément lourde à porter, de nouvelle Manaudou lorsqu'elle a surgi en pleine lumière en 2007 pour battre l'icône de la natation française attend toujours de confirmer par la conquête d'un grand titre les espoirs suscités à l'époque. Le talent est indéniable, mais on a fini par s'interroger sur la force de caractère de la jeune femme, certains n'hésitant pas à faire passer sa grande timidité pour un manque de motivation. Pourtant, Balmy, programmée pour Londres 2012, possède, de l'avis du plus grand nombre, une glisse naturelle sans pareil, un potentiel peut-être sans égal en France. Et il nous revient en mémoire les paroles de son entraîneur Frédéric Barale, lors des Mondiaux de Rome en 2009, déjà une échéance ratée, qu'elle traversera presque anonyme, là où le grand public et les observateurs attendaient la confirmation de sa quatrième place sur 400 m NL aux JO de Pékin un an plus tôt, à huit centièmes seulement de la médaille de bronze. A l'époque, le technicien, amateur d'ovalie, dépité de voir sa nageuse incapable de reproduire en course ses performances magistrales de l'entraînement, convoquait ni plus ni moins que les All Blacks pour secouer sa protégée. "Je crois qu'elle a tout pour rivaliser avec les meilleures nageuses, mais il faut vraiment que ça mûrisse en elle et qu'elle en soit au fond d'elle-même convaincue. Ça reste toujours le volcan tranquille, de temps en temps, il faudrait que ça explose. Ça reste intérieur, il faudrait qu'à un moment elle soit capable de faire un haka pour se lâcher." Budapest, en août dernier, nouveau temps de passage important en grand bassin, n'aura pas été plus satisfaisant avec pour toute récompense l'argent du relais 4x200m... (voir par ailleurs) Balmy: "C'était dur de se retrouver sous la neige, toute seule, là-bas" Au retour de Hongrie, le tandem s'impose un débriefing indispensable pour relancer une dynamique, sinon en panne, qui en tout cas marque à l'évidence le pas. "Budapest n'a pas été une réussite pour nous, admet Barale. Il était important de rebondir sur un autre type de travail. On a bien parlé, je souhaite encore plus que Coralie puisse intervenir sur son ressenti de l'entraînement". Balmy, qui d'ordinaire peine tant à s'extérioriser et à manifester ses envies, exprime cette fois son désir de rompre avec une certaine routine et propose l'idée d'un stage à l'étranger. Un véritable événement pour elle qui depuis un an a fait le choix de rejoindre son compagnon Alain Bernard à Antibes. Plus étonnant encore de la part de la jeune Martiniquaise, c'est au Danemark, dans le groupe d'entraînement d'une de ses rivales, Lotte Friis, championne du monde 800m NL à Rome et double championne d'Europe du 800 et du 1 500m NL à Budapest, qu'elle choisit de s'exiler seule le temps d'un stage d'une dizaine de jours. "Il fallait déjà qu'elle ait un contact ou un début d'amitié pour franchir le pas", commente Barale, tout de suite emballé, autant par l'initiative de sa nageuse que par "la personnalité de la fille (Friis), quelqu'un de vraiment sympa au bord des bassin." "Je trouvais que c'était une bonne idée, d'être comme ça parachutée, se retrouver confrontée à une autre culture, je crois qu'on apprend toujours de ce genre d'expérience." Pas une première pour une Française après qu'Ophélie-Cyrielle Etienne a rejoint l'an passé les meilleures Australiennes du côté de Brisbane... "Je crois que les Français sont un peu timorés à ce sujet, regrette encore Barale. C'est un manque d'adaptation à ce qui peut se pratiquer ailleurs. Et lorsque Coralie a évoqué ce projet fin septembre, je n'ai pas eu de retenue. Je lui ai dit: « Si tu le sens, il faut le faire. »" Le dépaysement n'en est pas moins brutal. "C'était dur de se retrouver sous la neige, toute seule, là-bas, se souvient Balmy, il y a eu un temps d'acclimatation, mais ça s'est très bien passé." "Je voulais voir autre chose, dit-elle, confrontée à des méthodes nouvelles. Ils font beaucoup de travail à sec matin et soir, tous les jours, qui permettent de travailler le gainage, la position dans l'eau, les appuis et la force. Alors qu'on a nous tendance à se contenter de trois séances par semaine." La musculation, pas franchement la tasse de thé de la Française, qui pourrait en revanche passer des heures dans l'eau et que son coach a choisi, après une incursion ratée sur le sprint et la vitesse pure, de relancer sur 800m NL. "C'est intéressant de retravailler le 800m pour le 400m, juge-t-il. Essayer de nager plus vite sur un 100m, ça n'a rien donné. Au contraire, elle a perdu sur ses points forts." D'où ce retour sur le demi-fond avec une nouvelle approche: "L'entraîneur de Lotte Friis a vraiment joué le jeu, il n'a pas du tout fermé l'entraînement à Coralie et il m'a fait des retours très intéressants à son sujet, s'enthousiasme Barale. Ça a confirmé ce que je voyais depuis quelques temps, c'est-à-dire que Coralie a d'énormes qualités aérobie (*), mais que ces qualités ne suffisent plus pour mener un bon 200, un bon 400, un bon 800m. Ce que Coralie a pu découvrir comme entraînement, j'avais commencé à l'aborder un peu l'année dernière. C'est-à-dire que le mélange d'intensité entre travail aérobie et travail anaréobie doit prendre beaucoup plus d'importance. (...) C'est un point positif, ça fait toucher du doigt à Coralie qu'à certains moments de la course, à des allures modérées, elle pouvait largement rivaliser avec Lotte, mais qu'à d'autres, lorsqu'il fallait vraiment appuyer, elle avait de la peine... Quand en plus, vous vous retrouvez le nez dedans, ça marque. C'est vraiment un entraînement intéressant sur ces distances intermédiaires du demi-fond." Celles-là même où Balmy a justement ses meilleures références. (*) Au niveau de l'entraînement, la filière aérobie représente les gammes d'intensité de travail de développement des qualités "d'endurance" (...) avant d'arriver au niveau maximum de l'utilisation d'air, une deuxième filière s'est déjà mise en marche ; une filière appelée anaérobie acide - ou anaérobie lactique -. Cette voie énergétique a l'extrême désavantage de produire de l'acidité. Or l'acidité empoisonne le muscle, l'obligeant à stopper ou limiter son activité. (source: volodalen.com)