A Vancouver comme sur des roulettes

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Delphine Albert (avec Reuters) , modifié à
JO 2010 - Le fondeur éthiopien Robel Teklemariam s'est entraîné sur des skis à roulettes.

JO 2010 - Le fondeur éthiopien Robel Teklemariam s'est entraîné sur des skis à roulettes. L'image a de quoi étonner. Du haut de ses skis montés sur roulettes, Robel Teklemariam arpente les rues d'Addis-Abeba. Cet athlète éthiopien de 35 ans n'a pourtant rien d'un doux illuminé. A Vancouver, ce fondeur représentera à lui seul la délégation de son pays pour sa deuxième participation aux Jeux Olympiques d'hiver après ses premiers pas à Turin en 2006. "S'entraîner ici à l'approche des Jeux olympiques n'est pas l'idéal" confie-t-il à Barry Malone de l'Agence Reuters. "Evidemment, ce serait bien mieux sur de la neige. Mais l'un des aspects positifs en Ethiopie, c'est que nous sommes à 2.700 mètres d'altitude. Ça améliore l'endurance", poursuit Teklemariam plein d'optimisme. Né en 1974 dans la capitale éthiopienne, ce dernier découvre la neige aux Etats-Unis, plus précisément à New-York où sa mère - employée des Nations Unies - est mutée en 1983. L'intérêt du jeune Robel pour le ski de fond se révèle en 1986 lors d'un stage d'été à Lake Placid - dans l'état de New York - ville hôte des JO d'hiver en 1980. A cette occasion, "j'ai participé à une course et quelqu'un à demandé à mon entraîneur d'où je venais. [...] puis il a dit, sur le ton de la blague : Tu devrais représenter l'Ethiopie aux Jeux Olympiques un jour". Une idée pas si farfelue. Elle ne quittera dès lors plus l'esprit de Teklemariam. Diplômé de l'université du New Hampshire après notamment avoir décroché une bourse en tant qu'athlète de ski de fond, Teklemariam envisage sérieusement de participer à ses premiers JO. "C'est lorsque j'ai vu des skieurs kényans aux Jeux de Nagano [en 1998, ndlr] que j'ai vraiment pris cela au sérieux" confie-t-il. "Voir des Ethiopiens s'impliquer dans le ski" Ayant gardé un profond attachement pour son pays natal, le fondeur est décidé à convaincre les autorités éthiopiennes de créer la première équipe nationale de ski. S'armant de courage, Teklemariam, revenu s'installer depuis à Addis-Abeba, se charge de toutes les démarches administratives et de la recherche de sponsors, tout en s'astreignant à un entraînement professionnel. Récompense suprême, le skieur éthiopien, qui dispense désormais ses cours dans le monde entier, fait ses débuts olympiques à Turin en 2006 ! Aux Jeux de Vancouver, Teklemariam, au départ du 15 km libre, vivra de nouveau son rêve. "Si je suis plus proche du vainqueur que je ne l'étais lors des derniers Jeux, je serai déjà très heureux", s'exclame-t-il lui qui avait terminé au 84e rang, il y a quatre ans, en Italie, mais mon véritable objectif est de voir des Ethiopiens s'impliquer dans le ski. Je ne veux pas être le premier et le dernier". Le 15 février prochain, scrutez-bien la piste du Parc olympique de Whistler (station au nord de Vancouver), vous aurez peut-être la chance d'apercevoir les dreadlocks de Robel Teklemariam au milieu du peloton...