manifestation, sécurité globale 2:24
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avec AFP , modifié à
Plus de 50.000 personnes ont manifesté samedi pour les droits sociaux et les libertés, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Des heurts ont éclaté entre des centaines de casseurs et les forces de l'ordre à Paris. 64 personnes ont été interpellées dans la capitale. Par ailleurs, deux CRS ont été blessés à Nantes. 

Les manifestations contre la loi Sécurité globale et pour les droits sociaux et les libertés, émaillées de violences commises par des casseurs notamment à Paris, ont rassemblé samedi 52.350 personnes en France, dont 5.000 dans la capitale, selon le ministère de l'Intérieur. Des tensions entre policiers et manifestants sont survenues dans l'après-midi lors de la marche organisée à Paris, a constaté un journaliste de l'AFP. Plus d'une heure trente après le départ de la manifestation, des projectiles ont été lancés sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes.

Selon les chiffres du ministère, la mobilisation est en recul par rapport à la semaine dernière où 133.000 personnes avaient défilé en France, dont 46.000 à Paris, selon la même source.

"Tout le monde déteste la police"

Au moins six voitures et un camion stationnées le long de l'avenue Gambetta, dans le 20e arrondissement, ont été incendiées et plusieurs vitrines de banques et agences immobilières ont été endommagées par des casseurs, vêtus de noir et très mobiles. Des feux sporadiques ont été allumés le long du parcours de la manifestation et des barricades sommaires ont été érigées. Pour permettre l'intervention des pompiers, les forces de l'ordre ont scindé en deux la tête de cortège, composée de quelque 4 à 500 personnes parmi lesquelles des "gilets jaunes" et des militants "antifascistes", selon un journaliste de l'AFP présent sur place.

"Article 24, vous nous prenez pour des lapins de six semaines"

"Castaner et Darmanin essayent de nous enrober le truc, de faire passer ça pour une loi qui protège la police, mais on sait que c'est un prétexte", affirme au micro d'Europe 1 Sébastien, manifestant qui brandit fièrement une pancarte sur laquelle on peut lire : "Article 24, vous nous prenez pour des lapins de six semaines". "Si on lit entre les lignes, on voit bien comment fonctionne ce gouvernement", et la proposition de réécriture de l'article 24 n'y change rien. "Ce gouvernement passe tout, quoi qu'on dise il s'en fiche et il passe ses lois. Ça suffit !"

Un peu plus loin, Zoé, une manifestante, considère elle aussi que la proposition de réécriture de l'article 24 ne change rien à l'affaire. "Le mal est fait, il a été écrit une fois", estime-t-elle. "Tout le monde sait qu'aujourd'hui si on ne filme pas les policiers, on n'a pas de preuve. On ne peut pas se débrouiller juste avec des paroles, on est obligé d'avoir des images."

64 interpellations à Paris

En fin de journée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait savoir via Twitter que 64 personnes ont été interpellées. Il a également affirmer son soutien "à nos policiers et nos gendarmes, une nouvelle fois très violemment pris à partie". Par ailleurs, le ministre a affirmé que les "casseurs cassent la République". 

Plus de 90 rassemblements dans toute la France

Au total, près de 90 rassemblements étaient annoncés par les organisateurs en France. Initialement prévue comme un rassemblement syndical contre la précarité, traditionnellement organisé par la CGT le premier samedi de décembre, la journée a vu s'agréger la contestation contre les violences policières et la proposition de loi sécurité globale.

Trois policiers blessés à Nantes

Trois policiers ont été blessés samedi après-midi à Nantes lors de la manifestation contre la loi Sécurité globale qui a rassemblé 3.000 personnes, selon la police. L'un de ces gardiens de la paix a été touché par un cocktail molotov, et seize personnes ont été interpellées, a-t-on appris auprès de la préfecture. Les trois membres des forces de l'ordre font partie d'une Compagnie départementale d'intervention (CDI) et ne sont pas des CRS, comme indiqué dans un premier temps par les autorités.

Vers 20 h, le bilan des interpellations à Nantes grimpait à seize personnes, selon la préfecture de Loire-Atlantique. "Des black bloc se sont mêlés à la manifestation partie à 15 h et ont commencé à lancer des projectiles. Ils ont harcelé les forces de l'ordre pendant trois heures, avec des jets de projectile, des pavés, des cocktails molotov, des tirs de mortiers", a déclaré à l'AFP Christophe Granger, délégué régional CRS Ouest Unsa-police.

Le texte est accusé par ses détracteurs de porter atteinte "à la liberté de la presse, à la liberté d'expression et à la liberté de manifester", et aussi d'instaurer "des outils de surveillance de masse". La défiance à son encontre a été renforcée par le passage à tabac filmé du producteur de musique Michel Zecler par des policiers, le 21 novembre.