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Anaïs Huet , modifié à
Du 1er juillet jusqu'au jour de l'attentat à Nice, Mohamed Lahouaiej Bouhlel s'est abreuvé de vidéos de l'Etat islamique. Une activité presque impossible à détecter.

Europe 1 vous le révélait lundiMohamed Lahouaiej Bouhlel était depuis quelques temps obsédé par les vidéos les plus abominables diffusées sur Internet par l’organisation Etat islamique. C'est ce que les enquêteurs ont découvert après l'examen du matériel informatique appartenant au tueur de Nice, qui a causé la mort d'au moins 84 personnes au soir du 14-Juillet, sur la Promenade des Anglais à Nice.

Une "botte de foin gigantesque". Selon Gérôme Billois, expert en cybercriminalité chez Wavestone, un cabinet de conseil en cybersécurité, il aurait été "quasi impossible" de détecter l'activité de Mohamed Lahouaiej Bouhlel sur Internet. "C'est la microscopique aiguille dans une botte de foin gigantesque", a-t-il affirmé sur Europe 1, mardi matin. "L’organisation Etat islamique maîtrise malheureusement très bien Internet et les réseaux sociaux et les utilisent comme des outils de propagande", analyse l'expert.

L'anonymat sur Internet. Si "la majorité des acteurs d'Internet essaient "d'agir le plus vite possible" pour bloquer ces contenus, Daech n'en semble pas affecter pour autant. Et pour cause, il existe "des dizaines de canaux différents pour accéder à l’information (sites web, réseaux sociaux, applications spécifiques) ainsi que du contenu en masse", avertit Gérôme Billois. "Chaque minute, c'est 400 heures de vidéos qui sont ajoutées sur Youtube", précise-t-il. De plus, il est aujourd'hui très simple de "s'anonymiser sur Internet". L'installation de simples logiciels peut le permettre, en maîtrisant quelques rudiments du web. 

Des outils inefficaces ? Difficile de passer Internet au peigne fin, donc. La loi de réforme pénale, adoptée fin mai en France, prévoit une peine allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement et une amende de 30.000 euros pour ceux qui consultent habituellement des contenus faisant l'apologie du terrorisme. Cet outil de lutte est "extrêmement difficile à utiliser" selon Gérôme Billois. "Il faut définir ces sites, établir une liste, regarder tous les canaux où les gens consultent Internet (téléphones portables, cybercafés, etc.). C'est gigantesque", note-t-il.

Une lutte commune. Pour l'expert en cybercriminalité, il faut aujourd'hui "une conjonction de moyens" pour tenter d'endiguer le phénomène. Cela passe en premier lieu par les géants d'Internet : Facebook, Google, Twitter pour ne citer qu'eux. Leurs utilisateurs doivent pouvoir signaler les contenus illicites. Il faut également "pister les gens qui produisent ce contenu", indique Gérôme Billois. Enfin, il faut systématiquement "bloquer l'accès aux sites de Daech". Un travail, de longue haleine, titanesque.