Francis Kalifat est le patron du CRIF. 4:43
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Antoine Terrel
Invité dimanche d'Europe 1, Françis Kalifat, président du Conseil représentatif des institutions juives, a de nouveau fustigé la décision de la Cour de cassation, qui a jugé irresponsable pénalement le meurtrier de Sarah Halimi. Réclamant une nouvelle loi sur l'irresponsabilité pénale, il estime que cette dernière devrait porter le nom de la sexagénaire.
INTERVIEW

Il décrit un jour "important pour la France". Alors que plusieurs "rassemblements de la colère" sont prévus dimanche à Paris et dans d'autres villes de France pour contester l'absence de procès après le meurtre de Sarah Halimi, Francis Kalifat, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), était l'invité de la matinale d'Europe 1. L'occasion pour lui de fustiger à nouveau la décision de la Cour de cassation, qui a conclu à l'irresponsabilité pénale du meurtrier de la sexagénaire juive. 

"Le problème, c'est que la Cour de cassation n'a dit que la part du droit qu'elle a voulu voir dans cet article parce qu'une autre interprétation était possible. Elle aurait pu en faire une lecture différente", regrette Francis Kalifat. "Elle aurait pu prendre une décision courageuse, celle de contribuer à l'évolution du droit."

Les magistrats "n'ont pas dit la justice"

"Malheureusement, poursuit-il, cette lecture et cette application mécanique du droit entrainent des conséquences qui sont choquantes, révoltantes même du point de vue de l'équité." Et Françis Kalifat de pointer des magistrats qui ont "manqué encore une fois de courage", et "renvoient la balle au législateur". "Ils ont sûrement dit le droit, mais ils n'ont pas dit la justice. Je vois dans cette décision un déni de justice", martèle l'invité d'Europe 1.  

Un changement de la loi ? "Il y a urgence"

Face à l'émotion suscitée par la décision, le président de la République Emmanuel Macron a réclamé "un changement de la loi" sur la responsabilité pénale. Une prise de parole que salue le patron du CRIF, y voyant "une décision forte". "Il a réagi immédiatement en demandant au garde des Sceaux de travailler à une nouvelle loi. Et le fait que cela vienne du garde des Sceaux nous rassure parce que j'ai bon espoir que nous aurons cette nouvelle loi avant l'été", dit Francis Kalifat, pour qui "il y a urgence". 

Reste que même si la loi venait à changer, la famille de Sarah Halimi ne sera pas "remplie dans son droit de justiciable", estime Francis Kalifat. Aussi, "si l'on veut rendre hommage à Sarah Halimi, faute de lui avoir rendu justice, il faudrait que cette nouvelle loi porte son nom", réclame Francis Kalifat. Et d'appeler à nouveau à la mobilisation en cette journée de dimanche. "C'est un jour important pour la France parce que face à un tel désastre judiciaire, face à une décision qui dit le droit sans dire la justice, il faut se mobiliser. Il en va de l'avenir de notre société."