«Une fois qu'une maison a bougé, c'est irréversible» : gare aux fissures dues à la sécheresse

Sécheresse Nord 1:45
  • Copié
Lionel Gougelot (à Lille), édité par Solène Leroux
La sécheresse a fait se rétracter les sols argileux et s'affaisser de nombreuses habitations. Les propriétaires et les associations qui les défendent craignent que les fissures de quelques millimètres, que l'on peut observer actuellement sur les murs de ces maisons, ne s'élargissent de plusieurs centimètres quand l'argile va "regonfler".
REPORTAGE

"Une fissure, c'est quelque chose qui est de l'ordre de 3/4 millimètres, mais dans certaines maisons, ici, on passe la main !" Le constat est sans appel pour Albert Dehaudt, président de l'association "Cat Nat Flandres", la sécheresse historique observée cet été dans la région Hauts-de-France a déjà provoqué des affaissements d'habitations, mais c'est pour cet automne ou cet hiver que le pire est peut-être à venir.

En cause : l'effet "retrait-gonflement" de l'argile du sous-sol sur lequel les habitations sont construites. Une véritable bombe à retardement, prévient-il. "Il va y avoir des maisons qui seront fissurées parce qu'il va y avoir affaissement de la fondation", explique le retraité. "Mais au regonflement, avec les pluies d'automne, l'argile va reprendre son eau et là, les fissures vont s'ouvrir, vous aurez des maisons qui vont s'ouvrir !"

thumbnail_IMG_4974

© LIONEL GOUGELOT / EUROPE 1

Aucune fissure n'est anodine

Au sud de la métropole lilloise, Thierry Paris a lui aussi été victime de ce phénomène. Son association, qui vient en aide aux sinistrés de la sécheresse, reçoit chaque jour 10 à 15 appels de propriétaires inquiets. "Cette catastrophe silencieuse va toucher des centaines de personnes et une fois qu'une maison a bougé, c'est irréversible, elle va bouger de plus en plus et ça va générer des travaux de plus en plus importants", détaille-t-il.

"Il faut savoir qu'une petite fissure n'est pas anodine, il y a beaucoup de propriétaires qui constatent des petites fissures et qui ne font rien parce qu'ils pensent que la maison a bougé naturellement, mais dès lors que l'on constate la moindre fissure, il faut alerter", assure Thierry Paris.

Alerter, c'est-à-dire prévenir la mairie de la commune pour que l'état de catastrophe naturelle soit reconnu. C'est seulement ensuite quand cette reconnaissance est effective qu'il faut se tourner vers son assureur, explique Thierry Paris. Et là, commence un long bras de fer avec les experts.