La sécheresse fragilise aussi des maisons

Les sols argileux ont la particularité de se contracter en cas de sècheresse et de gonfler en temps de pluie. Et les maisons s’abîment.
Les sols argileux ont la particularité de se contracter en cas de sècheresse et de gonfler en temps de pluie. Et les maisons s’abîment. © MAXPPP
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R.D. avec Brigitte Béjean et Martin Feneau , modifié à
Les habitations construites sur des terres argileuses sont menacées de dégâts parfois lourds.

C’est sans doute la plus méconnue des catastrophes naturelles. La sécheresse, inédite depuis cinquante ans en France sur la période de mai à mars, ne menace pas seulement les cultures et la survie d’exploitations agricoles. Elle pourrait aussi causer de sérieux dégâts sur bon nombre de maisons, construites sur des terres argileuses, et qui pourraient au mieux subir des dégâts, au pire s’écrouler.

Ce phénomène, baptisé "aléa de retrait-gonflement des sols argileux" en langage d’assureurs, est reconnu comme catastrophe naturelle depuis 1989. Le principe est simple : quand le temps est sec, l’argile se contracte, et quand il pleut, elle gonfle. Et donc une habitation, surtout une petite maison légère, sans fondation, risque de se fissurer. Le carrelage peut sauter, et la structure même de la maison peut être fragilisée.

"Ce sont des micro-fissures qui apparaissent sur les murs, c'est le sol argileux qui se tasse. Et la maison se retrouve avec les fondations dans le vide", explique au micro d'Europe 1 Fred Arragon, président de l'association de défense des sinistrés des sécheresses.

Les assureurs croisent les doigts

Selon Le Monde daté de mercredi, près de 400.000 habitations seraient exposées au danger. Le bureau de recherche géologique et minière a dressé des cartes des zones à risques, cartes disponibles sur le site argiles.fr. Sont particulièrement concernés trois départements d’Ile-de-France, la Seine-Saint-Denis, le Val-de Marne et l’Essonne, mais aussi l’Yonne, la Haute-Garonne, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Mais en raison du caractère exceptionnel de la sècheresse de 2011, la menace est étendue à trois grands territoires : les Flandres, le Bassin parisien et le grand Sud-Ouest.

A Montigny-les-Cormeilles, dans l'Essonne, Martin et Pascale ne peuvent que constater les dégâts sur leur pavillon qui se fissure un peu plus chaque jour de grosse chaleur. "On entend craquer la maison, regardez les plafonds, tout est fissuré. Celles qui sont en filigrane, ce sont les plus récentes", déplore Pascale au micro d'Europe 1.

Actuellement les sols argileux ne sont pas pris en compte dans les permis de construire. Mais le gouvernement préparerait un projet pour prendre dorénavant en compte ce phénomène, assure Fred Arragon.

Les compagnies d’assurance croisent les doigts pour que la sècheresse d’hiver ne se prolonge pas pendant l’été. "Si la sècheresse prend fin maintenant, ont pourrait observer une situation semblable à celle de 1997. 2215 communes avaient alors été reconnues en était de catastrophe naturelle, pour 300 millions d’euros d’indemnités versées", précise Antoine Quantin, directeur de la modélisation des catastrophes naturelles à la Caisse centrale de réassurance, dans le Monde.

1,3 milliard d’euros après la canicule de 2003

Mais si le phénomène perdure, les indemnités pourraient atteindre, voire dépasser, celles versées après la grande canicule de 2003. Plus de 4.000 communes avaient alors été reconnues en état de catastrophe naturelle - condition sine qua non au versement d’indemnités - et les assureurs avaient dû débourser au final 1,3 milliard d’euros.

Pour prévenir "l’aléa de retrait-gonflement des sols argileux", sur une maison à réparer comme sur une maison à construire, il convient de prévoir de vraies fondations, une structure plus rigide entourée de joints souples censés absorber les mouvements du terrain. Des mesures simples, efficaces, mais coûteuses.