crash du Mont Sainte-Odile Archives 1992 1:30
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Mélina Facchin (à Strasbourg), édité par Solène Leroux , modifié à
Le 20 janvier 1992, 87 personnes meurent dans le crash du Mont Sainte-Odile, en Alsace. Neuf autres sont rescapées. Une tragédie impossible à oublier pour les familles des victimes et les survivants. Trente ans après, ils se sont retrouvés ce dimanche sur les lieux de la catastrophe pour une cérémonie d’hommage.

Ce 20 janvier a marqué les 30 ans du crash aérien du Mont Sainte-Odile, en Alsace, en 1992. Ce soir-là, à 19h20, le vol 148 d’Air Inter, en provenance de Lyon et à destination de Strasbourg-Entzheim s’écrase, en amorçant son atterrissage, à 800 mètres d’altitude. Sur les 96 passagers et membres d’équipages, 87 personnes sont tuées, neuf autres en réchappent. Ce dimanche, les familles de victimes et les survivants se sont retrouvées pour une cérémonie d’hommage sur les lieux de la catastrophe. Trente ans après, elles n’ont rien oublié.

Mont Sainte-Odile

© MÉLINA FACCHIN / EUROPE 1

Beaucoup d’émotion et de réconfort pour les rescapés et les proches

C’est dans une clairière enneigée, à l’endroit exact du crash, qu’une centaine de proches de victimes et de rescapés se sont recueillies ce dimanche matin. Plusieurs d’entre eux ont tenu à dire quelques mots, avant d’observer une minute de silence. Puis, chacun a déposé une rose au pied de la stèle sur laquelle figurent les noms des 87 victimes.

Trente ans après, Pierre Lota, l’un des neuf rescapés du crash est toujours ému de revenir sur les lieux du drame : "J’ai toujours de l’émotion quand j’arrive ici, quand je retrouve l’endroit où l’on est restés en attendant les secours", dit-il en balayant les lieux du regard. "On avait très, très froid. On avait peur de mourir de froid", se rappelle-t-il. "Il y avait un tout petit feu qui brûlait près de la queue de l’appareil, on l’a alimenté avec toutes ces branches qu’on voit aujourd’hui, en attendant les secours. C’est quelque chose qui nous lie, c’est indescriptible. Ça fait du bien de se retrouver", conclut-il dans un sourire.

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© MÉLINA FACCHIN / EUROPE 1

Raphaël, qui a perdu son père dans la catastrophe alors qu’il n’avait que deux ans et demi, a, lui aussi, trouvé aussi beaucoup de réconfort dans cette cérémonie : "Ça fait du bien parce qu’il y a beaucoup de personnes qu’on connait maintenant depuis 30 ans", explique-t-il. "On partage des émotions, des souvenirs. Ce n’est pas facile, mais ça fait du bien quand même, ça rapproche en tout cas", ajoute le jeune homme.

"Trente ans, c’était hier" pour les familles

Bernard Laumon, le président de l’association ECHO (Entraide de la catastrophe des hauteurs du Sainte-Odile) qui regroupe les familles des victimes et les rescapés, a perdu son frère dans le crash du Mont Sainte-Odile il y a 30 ans. Pour lui comme pour les autres, le souvenir de ce 20 janvier 1992 reste intact. "C’est notre 11 septembre à nous", résume-t-il. "On se souvient exactement dans quelles circonstances on a appris le crash, ce qu’on faisait juste avant, ce qu’on a fait dans les minutes et les jours qui ont suivi. Personne n’a oublié. Tout le monde considère que 30 ans, c’était hier", poursuit-il.

Les secours ont mis plus de quatre heures à arriver sur place

Certaines douleurs sont toujours particulièrement vives, notamment le fait que ce soir-là, les secours ont mis énormément de temps à arriver sur place. "Il a fallu plus de quatre heures pour que le premier militaire arrive sur les lieux, averti par des journalistes et des forestiers", se souvient Bernard Laumon. "On comprendra et on admettra d’autant moins qu’aujourd’hui on parle de neuf rescapés, mais il y avait six personnes de plus qui ont survécu au crash et qui sont décédées dans cet intervalle. La justice a reconnu que deux d’entre elles auraient pu être sauvées si les secours étaient intervenus deux heures plus tôt. C’est impossible à digérer", conclut-il avec émotion. Deux corps de victimes n’ont par ailleurs jamais été retrouvés.

La catastrophe aérienne a également donné lieu à un interminable feuilleton judiciaire. Les familles ont dû attendre 14 ans pour qu’un premier procès puisse avoir lieu, en 2006. Au final, la justice n’a désigné aucun coupable et n’a versé aucune indemnité aux proches.