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Guillaume Dominguez, édité par Louis Verdoux // Xosé Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Depuis plusieurs années, le trafic de stupéfiants s'est développé dans le quartier de la Grande Borne, en Essonne, à quelques kilomètres de Paris. Pour protéger leur business et éviter d'être reconnus, les dealers s'attaquent désormais aux caméras de surveillance. Un conflit avec la municipalité et les forces de l'ordre qui empoisonnent la vie des habitants.
REPORTAGE

C'est une guerre qui ne dit pas son nom entre la police et les trafiquants de drogue. La cité de la Grande Borne, située à cheval sur les communes de Grigny et Viry-Châtillon dans l'Essonne, a vu se développer depuis plusieurs années un trafic de drogue toujours plus intense. Face à ce fléau, la municipalité a investi dans plusieurs caméras de surveillance dans l'espace public.

Objectif, veiller à la sécurité des habitants, mais également fournir des indices afin d'aider les enquêteurs pour certaines affaires criminelles. Mais ces dernières ne font pas l'unanimité, surtout chez les dealers, qui en ont fait leur cible.

"Ils n'ont pas envie d'être filmés"

La situation s'observe aisément en plein cœur du quartier. À quelques mètres d'un point de deal, le globe de verre d'une caméra porte encore les stigmates des jets de pierres. "Au moins, elle n'est pas tombée", ironise Séréna, originaire de la cité. "Ils jettent des pierres dessus pour les casser parce que, justement, ils font leur business en bas, ils n'ont pas envie d'être filmés", explique-t-elle à notre micro.

C'est une situation qui n'est pas nouvelle à Grigny. Lors de sa première élection en 2014, Jean-Marie Vilain, maire UDI de Viry-Châtillon, avait fait installer des dispositifs de vidéosurveillance, notamment au carrefour dit du Fournil, l'un des principaux points de deal de la cité de la Grande Borne. La situation s'était alors envenimée avec les délinquants, jusqu'à l'agression en octobre 2016 de quatre policiers à l'aide de cocktails Molotov. Depuis, les caméras installées sont systématiquement attaquées.

Les techniciens attaqués par les dealers

"Régulièrement, on a des dégradations qui se font, les boîtiers de la fibre et les boîtiers électriques qui sont attaqués", détaille Claude Carillo, délégué zonal du syndicat de police Alliance. Pour le gardien de la paix, qui parle de "guerre d'usure", "ces dealers-là préfèrent détruire ces caméras pour éviter d'être reconnus ou identifiés".

Le danger est d'autant plus fort pour les techniciens chargés de réinstaller de nouvelles caméras. "Ils subissent des menaces, voire des agressions", poursuit Claude Carillo. "On est obligé de mettre un dispositif pendant la durée d'intervention, minimum entre quatre et cinq équipages", ponctue-t-il.

Cette bataille menée par les trafiquants a un double coût pour les habitants. Outre le sentiment d'insécurité, le changement d'une seule caméra coûte en moyenne 12.000 euros à la ville.