Tout indique que les Algériens sont «les plus représentés parmi les clandestins en France», explique Nicolas Pouvreau-Monti
À l'occasion de la publication d'une note détaillée sur les chiffres sur l'immigration algérienne en France, Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l'Observatoire de l'immigration et de la démographie, revient sur la présence des ressortissants algériens sur le territoire, plusieurs mois après la débâcle autour des accords de 1968.
Emprisonnement de Boualem Sansal, journaliste français condamné, influenceurs algériens en France... L'année 2025 a été marquée par une grave crise diplomatique entre la France et l'Algérie, au point de remettre en cause les accords signés entre les deux pays depuis 1968.
Si la relation entre les deux États est au point mort, qu'en est-il de la présence algérienne en France ? À l'occasion de la publication d'une note détaillée sur les chiffres sur l'immigration algérienne en France, Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l'Observatoire de l'immigration et de la démographie, répond aux questions d'Europe 1 ce mardi matin.
Les accords de 1968, un régime dérogatoire exclusif
Pour rappel, les accords de 1968 régissent les conditions de séjour des immigrés algériens en France. Ces derniers bénéficient de conditions plus favorables que les autres ressortissants immigrés, notamment un accès plus rapide au regroupement familial. Aujourd'hui, il s'agit de "la première nationalité bénéficiaire des titres de séjours en cours de validité", précise le directeur de l'Observatoire.
À l'époque, ils répondaient à un besoin d'émigration du côté algérien, suite aux difficultés rencontrées après l'indépendance mais surtout à un besoin de main-d'œuvre francophone et peu qualifiée du côté français.
Conséquence : "Les Algériens, aujourd'hui, sont la première population immigrée en France. On compte environ 900.000 immigrés algériens au sens strict, c'est-à-dire des personnes qui sont nées Algériennes en Algérie, qui vivent en France et dont la moitié est arrivée après l'an 2000", constate Nicolas Pouvreau-Monti.
Une présence source d'enjeux
En incluant les deuxième et troisième générations, dont une majorité possède la nationalité française, la diaspora algérienne en France représente 2,7 millions de personnes. Cependant, en dehors des statistiques de recensement, "tout porte à considérer que les Algériens sont la première nationalité représentée dans l'immigration clandestine en France", précise le directeur de l'Observatoire.
"On le voit d'abord parce qu'ils ont été l'an dernier à nouveau les étrangers les plus nombreux à être interpellés en situation irrégulière et parce qu'ils ont été aussi la principale nationalité dans les centres de rétention administrative (CRA)", détaille-t-il.
Cette présence questionne la politique d'intégration de la France selon cette note, notamment sur les enjeux autour de l'emploi et de la sécurité. "Si on regarde le détail des données de l'Insee, on se rend compte qu'en France on a quasiment 40% des ressortissants algériens qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni à la retraite. Soit un taux trois fois supérieur à celui des Français (...) Par ailleurs, le nombre des ressortissants algériens en France écroués en France a plus que doublé en dix ans", conclut Nicolas Pouvreau-Monti.
Pour répondre à ces problématiques, l'exécutif a martelé ces derniers mois la volonté de revoir les accords de 1968. Ce mercredi, deux députés Renaissance rendront leur rapport d'évaluation sur la question.