Avec les champignons, la nature offre une solution alternative aux batteries au lithium

Champignons (2000x1000) GEORGES GOBET / AFP
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Fanny Agostini, édité par Cédric Chasseur , modifié à
Lors de la fête des champignons à Saint-Bonnet-le-Froid, j'ai découvert une petite révolution technologique et écologique : la batterie aux champignons.

Nous passons en moyenne plus de cinq heures par jour devant un écran (télévision, smartphone, tablette, ordinateur). Nous avons en permanence la possibilité de nous informer sur l’actualité internationale, de communiquer avec nos proches, de contacter un taxi ou de se faire livrer une pizza. Tout ceci est possible grâce à une invention pour le moins remarquable : la batterie au lithium.

Le succès de cette invention, créée par John Goodenough, Stanley Whittingham et Akira Yoshino dans les années 80, est tel qu’on recense aujourd’hui plus de deux milliards d’appareils électroniques qui fonctionnent grâce à elle. Ce chiffre ne fait qu’augmenter, notamment avec l’arrivée massive de voitures électriques sur le marché. Pourtant, quand on décide de s’intéresser à ce type de batteries, on se rend rapidement compte que cette technologie, bien que révolutionnaire au moment de sa création, est loin d’être durable et écologique.

Le lithium et le cobalt loin d'être irréprochables

Elle repose en effet sur l’utilisation d’un minerai rare qui lui a donné son nom : le lithium. Ce métal alcalin, dont 85% des ressources sur la planète se situent entre l’Argentine, la Bolivie et le Chili, possède une valeur estimée à plus de 20.000 dollars la tonne (18.000 euros environ). Le lithium n’est pas le seul matériau utilisé dans les batteries. Il est allié au cobalt, un autre métal dont le prix dépasse les 30.000 dollars la tonne (27.000 euros). Bien qu’indispensable au fonctionnement des batteries qui alimentent la plupart de nos appareils, l’exploitation de ces deux éléments est loin d’être irréprochable, tant sur le plan écologique que sur les conditions de travail.

L’extraction du lithium requiert en effet une quantité ahurissante d’eau, environ dix litres par seconde, directement conduits dans des bassins d’évaporation, et risque ainsi d’aggraver les sécheresses que subissent les populations autochtones. Quant au cobalt, son exploitation est souvent réalisée dans des régions où le travail des enfants est monnaie courante. Dans ces conditions, nous arrivons à nous demander, à juste titre, si le tout électrique est un réel pas en avant vers un monde plus juste, plus équitable et plus proche de la nature, ou simplement un autre moyen de détourner l’attention. Que pouvons-nous faire ? La réponse pourrait être liée à une nouvelle découverte scientifique : la batterie à champignons.

Une batterie à champignons "quasiment immortelle"

Certains champignons possèdent en effet la capacité d’améliorer le transport des flux d’électrons grâce à leur teneur en sel de potassium. C’est le cas des Portobello, alias les champignons de Paris. En utilisant ce mécanisme naturel, il est possible de créer des piles plus écologiques, plus faciles à produire et constituées de matériaux moins onéreux que le graphite, un transporteur d'électrons utilisé jusqu’à présent et particulièrement difficile à recycler. Les qualités de ces batteries ne s’arrêtent pas là, puisque la peau de champignon est capable de s’adapter au fur et à mesure des charges. En résulte alors une batterie quasiment immortelle, dont les performances augmentent à chaque recharge !

Il reste néanmoins un aspect négatif à cette nouvelle technologie : les piles à champignons nécessitent malgré tout du lithium pour fonctionner. Bien sûr, l’immortalité des batteries pourrait palier l’extraction de ce métal. Mais bien que plus écologique, cette technologie est loin d’être complètement vertueuse. Elle est en revanche le signe que des progrès sont à portée de main, et que toutes les solutions se trouvent dans la nature.