Les spécialistes de santé ont prévu de suivre à la lettre les restrictions sanitaires pour Noël 2:33
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Anne Le Gall, édité par Margaux Baralon , modifié à
Comme tous les Français, les épidémiologistes, médecins et spécialistes des maladies infectieuses qui expliquent toute la journée la dangerosité de l'épidémie de Covid ont changé leurs habitudes pour Noël. Quitte à passer pour des "ayatollahs", ils appliquent à la lettre les recommandations.

"Évidemment, je me fais traiter d'ayatollah ou de harceleur." Pas facile d'organiser les fêtes de fin d'année en période de Covid-19 quand on est professionnel de santé ! Le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon, en sait quelque chose. Lui a demandé aux étudiants de sa famille de limiter leurs sorties et de se faire tester avant les fêtes, quitte à passer pour le rabat-joie de service. Mais c'est pour la bonne cause. "On est à 98% de PCR obtenues à 24-48 heures" du réveillon, se félicite le spécialiste. 

"On va ressortir nos pulls moches puisqu'il va falloir aérer"

Car les médecins, épidémiologistes, spécialistes des maladies infectieuses qui, depuis le début de l'épidémie, expliquent et font de la pédagogique, se doivent d'être exemplaires. Ils ont donc, comme tout le monde, changé leurs habitudes pour ces fêtes de Noël. Cinq adultes autour de la table chez le professeur Jean-Daniel Lelièvre, spécialiste des vaccins. Sept convives chez Martin Blachier, qui a renoncé à inviter le grand-père de 85 ans et le joindra plutôt par téléphone. Chez le professeur Pialoux, la table du repas a été "rallongée du double" pour respecter la distanciation physique nécessaire.

Chez le docteur Hélène Rossinot, médecin de santé publique, qui réveillonnera à Nancy, la fête se fera à trois... et bien habillé. "On va ressortir nos pulls de Noël très moches puisqu'il va falloir aérer." Une "bonne occasion" de rentabiliser ces tenues difficiles à porter le reste de l'année tout en limitant les risques de contamination par aérosol. Aérer dix minutes toutes les heures permet de diminuer le risque de contamination par cinq, rappelle ainsi le docteur Martin Blachier, qui conseille également de ne pas rester trop longtemps à table. Chez lui, ce sera 1h30 maximum.

"Éviter tous les sujets qui fâchent"

Tout le monde prévoit aussi de porter le masque le plus possible. Mais à table, cela reste compliqué. D'où la nécessité surtout d'éviter d'inviter le grand-oncle aux idées politiques radicalement opposées aux siennes. Ou d'être prêt à (beaucoup) prendre sur soi. Car "quand on s'engueule, nos postillons qui habituellement vont à 1 ou 2 mètres seulement, vont beaucoup plus loin. C'est dangereux", rappelle Hélène Rossinot. Voyons les choses du bon côté : "c'est un bon prétexte pour éviter tous les sujets qui fâchent." Oublions aussi les chants de Noël, car chanter propulse, là aussi, d'indésirables postillons plus nombreux et plus loin. 

Tout ça, c'est pour la bonne cause. Car nos comportements en ces soirs de fête pèseront pour la suite. Si l'on est prudent, les spécialistes estiment qu'il pourrait y avoir 3.500 patients en réanimation fin janvier. Mais si l'on se relâche trop, ils risquent d'être plus de 5.000.