Tabac : Lucky Strike, Gauloises et Marlboro Gold menacées d’interdiction ?

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Les cigarettiers s’inquiètent pour certaines de leurs marques, qui pourraient être interdites car elles véhiculent une image erronée du tabac, selon la ministre de la Santé.

Déjà mobilisés contre l’instauration du paquet neutre, les producteurs de tabac redoutent de voir s’ouvrir un second front dans l’Hexagone. Les cigarettiers craignent en effet que le ministère de la Santé ne profite d’une récente directive européenne pour interdire purement et simplement certaines marques de tabac, au motif qu’elles véhiculent un message erroné sur le tabagisme. D’après Le Figaro, des marques comme Gauloises, Fortuna, Lucky Strike ou encore Marlboro Gold pourraient être concernées, même si cette menace est aujourd’hui théorique.

Quelles sont les marques concernées ? Transposée dans le Code de la santé publique, une nouvelle règle européenne prévoit que les cigarettiers n’ont pas le droit d’utiliser une imagerie et des noms qui donnent "une impression erronée quant aux caractéristiques de ce produit". Or certaines marques actuelles surfent sur une image de succès, de féminité ou encore de modernité pour mieux se vendre.

Si le ministère de la Santé adopte une interprétation très stricte de cette nouvelle réglementation, de nombreuses marques pourraient être interdites : Lucky Strike, Fortuna ou Marlboro Gold parce que ces marques invoquent le succès et la réussite, Gauloises et Gitanes parce qu’elles véhiculent une image de féminité, News et Vogue parce qu’elles jouent sur une image de modernité. Ces cigarettes pourraient continuer à être commercialisées mais sous une autre appellation.

Les nouveaux pouvoirs du ministère de la Santé. Si les marques de tabac devaient se tourner vers Bercy pour obtenir une autorisation de commercialisation, ces derniers doivent depuis le 10 juin l’obtenir auprès du ministère de la Santé. Un changement de tutelle tout sauf anodin : alors que le ministère du Budget raisonne en termes de rentrées fiscales, celui de Marisol Touraine pense en termes de santé publique.

Non seulement les cigarettiers font désormais face à un interlocuteur moins conciliant, mais ce dernier bénéficie en outre de pouvoir plus importants. A partir du 20 novembre, le ministère de la Santé pourra utiliser une directive européenne pour réglementer le marché du tabac : pour les industriels du secteur, ce texte pourrait aboutir à interdire purement et simplement certaines marques.

Une crainte mais rien d’officiel. Cette disparition d’une bonne partie des marques commercialisées en France n’est cependant qu’une hypothèse : le ministère de la Santé n’a jamais fait une déclaration officielle allant dans ce sens. Ce sont en fait les industriels du tabac qui ont tiré la sonnette d’alarme et esquissé ce scénario dans une lettre envoyée à l’Elysée et à plusieurs ministères, rapporte Le Figaro. Ces derniers sont d’autant plus inquiets qu’ils n’ont obtenu aucune réponse du ministère de la Santé à leurs interrogations.