Plusieurs plateformes sont prisées des dealers et des consommateurs. 2:42
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Justin Morin et Matthieu Bock, édité par Laetitia Drevet , modifié à
Snapchat est devenue "le réseau social de la drogue" en favorisant les livraisons à domicile, a accusé la semaine dernière Gérald Darmanin. Au micro d'Europe 1, un dealer dit y voir un moyen de communication "plus sûr et plus discret". Les forces de l'ordre ont du mal à traquer ces vendeurs "uberisés". 

Pour Gérald Darmanin, Snapchat est devenu "le réseau social de la drogue". "C'est sur Snapchat que les livreurs de drogue donnent leurs rendez-vous, comme vous donnez rendez-vous sans doute pour livrer une pizza", avait déclaré le ministre de l'Intérieur la semaine dernière. En temps de confinement puis de couvre-feu, il accuse cette application très prisée des jeunes de favoriser les livraisons à domicile. Un discret trafic en ligne que les forces de l'ordre ont du mal à contenir.

"Sur Snapchat, les messages sont vite effacés"

"Dans la rue, il y a trop de keufs avec le Covid. Nous les dealers, on a trouvé un moyen plus sûr et plus discret. Sur Snapchat, il y a l’anonymat, les messages sont vite effacés. Les clients donnent une adresse et nous on livre discrètement", raconte au micro d'Europe 1 un dealer qui se fait appeler Ben Lafrappe. Le système comporte toutefois un risque : celui d'être approché par un policier se faisant passer pour un client. "Parfois il y a des faux clients, des balances ou des keufs infiltrés", poursuit-il. 

Il reste malgré tout compliqué pour les forces de l'ordre de traquer les vendeurs sur les réseaux sociaux. Snapchat n’est en effet pas très enclin à collaborer avec l’OFAST, l’office anti-stupéfiant. Gérald Darmanin avait d'ailleurs appelé les dirigeants de l'application à "prendre (leurs) responsabilités" pour "arrêter d'être le réseau social de la drogue". Pour le moment, le nombre de fermetures de compte n'absorbe pas celui des nouveaux qui se lancent sur le marché.

Les dealers "s'adaptent aux nouveaux modes de communication"

Mais cette tendance n'implique pas forcément une augmentation du nombre de dealers en activité, nuance Christophe Miette, chargé des dossiers de polices judiciaires au sein du syndicat des cadres de la sécurité intérieure. "Ce sont des profils que nous connaissons. Dans 95% des cas, il s'agit des mêmes individus que ceux qui officient sur les points de vente connus des forces de l'ordre. Mais ils s'adaptent aux nouveaux modes de communication."

Le mode d'action des policiers contre ce nouveau trafic "ubérisé" reste donc sensiblement identique. "Le coeur du réseau reste le même, l'approvisionnement reste le même donc c'est de la surveillance terrain, des filatures, des écoutes avec des croisements de données que nous fournissent les consommateurs. C'est tout ce travail d'investigation qui va permettre de voir le cheminement d'un trafic et qui va nous permettre de le faire tomber." Un travail d'autant plus long que Snapchat n'est pas la seule plateforme prisée des dealeurs et des consommateurs, qui communiquent aussi sur Facebook, Instagram et Twitter. Le fait qu'elles soient basées à l'étranger ralentit le travail des enquêteurs.