Nadia Karmel réclame des mesures contre les chauffards. Photo d'illustration.
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Nadia Karmel, trentenaire, a perdu ses deux petites filles en avril 2018, après un accident de la route avec un chauffard multirécidiviste. Alors que le procès de ce dernier s'ouvre jeudi, elle réclame sur Europe 1 des mesures drastiques pour prévenir ce genre de drame.
TÉMOIGNAGE

Nadia Karmel est condamnée à vivre avec le souvenir de ce 3 avril 2018. Ce jour-là, "on était sur le chemin du retour vers notre domicile", se souvient la trentenaire au micro du Grand Journal du Soir d'Europe 1. "J'avais dans ma voiture mes trois enfants. Il s'est mis à pleuvoir très violemment et à travers cette pluie torrentielle, j'ai vu arriver une berline noire qui roulait à très vive allure. Le temps que je me dise qu'elle arrivait beaucoup trop vite, elle a quitté sa voie pour arriver en choc frontal." Un choc frontal qui coûtera la vie à ses deux petites filles. Seule elle et son troisième enfant, un bébé, ont survécu. 

Un chauffard multirécidiviste

Alors que s'ouvre jeudi le procès du conducteur de la berline, Nadia Karmel réclame des mesures drastiques contre les chauffards. Car celui-ci, un chef d'entreprise et père de famille de 48 ans, n'en était pas à son premier excès de vitesse. "On a eu accès au procès-verbal. On y apprend que cette personne est récidiviste, qu'elle a à son actif plus de neuf infractions, essentiellement des excès de vitesse. Certains au-delà de 40 km/h, voire au-delà de 50 km/h. Il en était à sa troisième suspension de permis après notre accident."

La jeune femme esquisse donc des pistes pour prévenir ces drames. D'abord, "l'application drastique des peines" contre les chauffards. "On le voit, on le constate, les peines encourues ne sont jamais appliquées. C'est un point essentiel pour nous puisque cela pourrait diminuer la récidive", estime-t-elle au micro d'Europe 1. "Si les peines avaient été appliquées de manière drastique sur cette personne, on ne l'aurait pas eu sur notre route."

Une "dépendance à la vitesse" qui nécessiterait un suivi

Mais pour Nadia Karmel, cela va plus loin. Ce conducteur semble présenter "une dépendance à la vitesse" et la question de "sa capacité à conduire ou non" se pose donc. "On peut se poser la question d'un suivi psychiatrique. Les rappels à la loi n'ont pas eu l'effet escompté sur cette personne."

La mère de famille interroge aussi "la responsabilité des assurances par rapport à leurs assurés". Selon elle, ce chef d'entreprise "a été assuré sur un véhicule trop puissant. Était-il judicieux d'assurer cette personne, avec ce profil, sur ce type de véhicule ?"

Nadia Karmel a publié un livre, Elles s'aimaient très très fort (Hugo Document), et adressé deux lettres, l'une au président de la République, l'autre au Premier ministre, afin de réclamer ces mesures. Elle n'a obtenu des réponses que de pure forme. "On souhaiterait une rencontre. Ce qui est important, c'est que ce soit profitable à tous." En attendant, le procès qui s'ouvre jeudi lui permettra peut-être d'entendre la défense du chauffard. Un an et demi après les faits, celui-ci "n'a jamais présenté d'excuses ni de condoléances".