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William Molinié, édité par Laura Laplaud , modifié à
Le cyber est le nerf de la guerre de demain, dit-on dans les couloirs du ministère de l'Intérieur. Celui-ci entend s’y préparer et veut l’anticiper. Toutefois, selon les informations d'Europe 1, Gérald Darmanin n’est pas favorable à la désignation d’un chef de file en matière de lutte contre la cyberdélinquance.
DÉCRYPTAGE

La prochaine crise au sein de l'exécutif sera-t-elle cyber ? Dans les couloirs de la Place Beauvau, c'est une question qui est régulièrement posée, à tel point que le ministère de l'Intérieur souhaite s'y préparer. Le président Emmanuel Macron a annoncé lundi 15 milliards d’euros supplémentaires intégrés à la loi de programmation sur cinq années. La moitié de cette enveloppe, selon les informations d'Europe 1, sera directement attribuée à la lutte contre la cybercriminalité et à la transformation numérique. C’est dire l’importance du sujet dans les années à venir.

Multitude de services

La délinquance du quotidien est en train de muter vers le numérique. Environ 1.500 cyberpatrouilleurs supplémentaires vont venir grossir les effectifs des policiers et des gendarmes, que ce soit à travers les attaques informatiques des entreprises, la haine en ligne ou encore les escroqueries sur les boites mail des particuliers. Aujourd’hui, policiers et gendarmes ont le sentiment de travailler dans leur propre couloir. Une multitude de services a fait aujourd’hui du cyber leur spécialité.

Beaucoup d'acronymes et de spécialités

Côté gendarmes, on y trouve le centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) pour les cyberattaques de haute intensité ou encore le commandement de la gendarmerie dans le cyberespace qui pilote le dispositif de la gendarmerie dans la lutte contre la délinquance numérique.

Côté policiers, la sous-direction de lutte contre la cybercriminalité (SDLC) de la direction centrale de la police judiciaire côtoie la brigade de lutte contre la cybercriminalité (BLCC) de la police judiciaire parisienne. Sans compter la plateforme Pharos chargée de la lutte contre haine en ligne ou encore les cyberdouanes. Pas facile d’y voir clair dans ce brouillard d’acronymes et de spécificités.

Pas de désignation de chef de file

Chacune des deux forces espérait un jour prendre la main sur le pilotage stratégique de la lutte contre la délinquance. De la même façon que ce qui a été fait pour lutter contre les trafics de drogue avec l’office antistupéfiants, ou encore comme l’attribution du chef de file en matière de terrorisme à la DGSI, policiers et gendarmes attendaient depuis plusieurs mois un arbitrage des autorités politiques pour désigner un service enquêteur ou une des deux forces comme le leader de la lutte contre le crime en ligne. Ce qui d’ailleurs a, dans l’ombre, fait naître une discrète lutte d’influence pour remporter la mise.

Mais selon les informations d'Europe 1, Gérald Darmanin ne souhaite pas arbitrer ni dans un sens ni dans l’autre. Il considère que le cyber est un moyen et non une finalité. Autrement dit, personne ne peut s’en attribuer la prérogative. De la même manière que les voitures ou les gilets pare-balle sont alloués indifféremment aux policiers et aux gendarmes, tous les acteurs de la sécurité, estime le ministre, doivent être à la pointe dans le domaine du cyber.

Pas de fusion de service, pas de mise en commun des capacités ni de commandement unique, mais du travail pour tout le monde. Un exemple qui illustre l’ampleur de la tâche : il y a eu sur les Jeux olympiques de Tokyo près de 450 millions de tentatives de cyberattaques. Un chiffre qui pourrait être multiplié par 10 lors des JO de Paris en 2024.