Michel Onfray 3:22
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Manon Fossat , modifié à
La ministre chargée de l'Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, a annoncé mardi l'ouverture de deux enquêtes administratives, dont une de l'Inspection générale des finances sur le groupe Orpea, au cœur d'une vive polémique sur les conditions d'accueil dans ses Ehpad. Sur Europe Matin jeudi, le philosophe Michel Onfray a estimé que ce scandale est très révélateur de notre société.

En pleine polémique sur les conditions d'accueil dans ses Ehpad après la publication du livre-enquête Les fossoyeurs, le groupe Orpea est désormais visé par deux enquêtes lancées par le gouvernement. Dans ce livre, le journaliste Victor Castanet décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" par souci de rentabilité. Invité sur Europe Matin jeudi, le philosophe Michel Onfray est revenu sur ces révélations et a estimé que "la façon dont on traite nos anciens dit tout" de notre société.

"C'est très révélateur du mauvais fonctionnement de notre société qui s'effondre. La façon que l'on a de traiter nos enfants et nos anciens dit tout de ce qu'on est. Cette façon de dire 'vous n'êtes plus productifs donc on vous met dans des usines à crever', comme disait Henri Tachan dans une chanson jadis", a-t-il tranché. "On voit bien que les gens sont dans un mouroir, qu'ils sont en train d'attendre."

"Aujourd'hui, il s'agit d'être rentable"

Pour le philosophe, ce constat en dit également beaucoup sur les familles. "Elles sont déconstruites. On dit souvent 'familles recomposées' en oubliant que recomposé ça veut aussi dire que ça a été décomposé", a soulevé Michel Onfray. "Avant les anciens s'occupaient un peu des enfants, et on s'occupait d'eux. Ils avaient donné donc on leur donnait. Et c'était comme ça que l'on construisait."

 

"Aujourd'hui on délègue l'affection, on délègue l'amour et la tendresse", a encore estimé le philosophe avant de poursuivre. "On délègue aussi les enfants aux nounous le matin, et les anciens à des personnels qui sont sous payés. On est dans des dispositifs capitalistes, donc il s'agit d'être rentable."

Michel Onfray est également revenu sur ce culte du jeunisme, omniprésent dans notre société. "Il faut être jeune, il faut être performant, il ne faut pas être malade non plus. Dans cette civilisation si vous produisez vous existez parce qu'être c'est avoir. Donc quand on a plus rien, plus de temps devant soi, plus de santé, on a plus la possibilité d'être puissant."