Sandrine, 46 ans, a été mère porteuse deux fois aux États-Unis : "Je ne me suis pas du tout attachée aux enfants que je portais"

L'entourage de Sandrine l'a supporté dans son choix de devenir mère porteuse.
L'entourage de Sandrine l'a supportée dans son choix de devenir mère porteuse. © LOIC VENANCE / AFP
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Thibaud Le Meneec
Après deux grossesses "propres", Sandrine a décidé de devenir mère porteuse, pour deux couples français. Sans traumatisme ni états d'âme, elle raconte son expérience au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1.
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Expatriée aux États-Unis, Sandrine, mère de deux enfants, a d'abord été donneuse d'ovocytes, avant de devenir mère porteuse en 2011, puis en 2015. Une expérience qui ne l'a pas du tout traumatisée, comme elle l'a expliqué mercredi au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix. Parce que son entourage l'a soutenue dans son choix, mais aussi parce qu'elle n'a pas eu de véritable attachement aux enfants qu'elle a portés.

"[La manière dont je suis devenue mère porteuse] est un peu un concours de circonstances : j'ai eu une amie d'enfance qui m'a appelé pour savoir si je pouvais être donneuse pour elle en France [où la gestation pour autrui n'est pas autorisée, NDLR] afin d'écourter le temps de la liste d'attente des donneuses. J'ai fait des recherches aux États-Unis, pour elle, à ce sujet-là. Elle est tombée enceinte par miracle et moi, j'ai découvert la GPA. J'adorais les grossesses, je ne voulais plus d'enfant, c'était un truc génial.

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Les prérequis nécessaires pour être mère porteuse sont multiples : il faut avoir au minimum un enfant non seulement qu'on a porté mais qu'on élève, être financièrement stable, ne pas avoir fait de tatouage ni de piercing dans l'année qui précède, passer une évaluation médicale et psychologique.

Les félicitations d'inconnus

Mon entourage aux États-Unis l'a très bien pris. Les inconnus aussi : j'avais fait un tee-shirt où j'avais écrit que j'étais une mère porteuse et que ça n'était pas mon enfant, et les gens me prenaient dans les bras, me félicitaient. Ma famille et mes vrais amis de longue date, en France, ont trouvé ça génial. Ma mère était inquiète au niveau médical par rapport à une grossesse mais ils ont rencontré le couple pour lequel j'ai porté l'enfant et tout s'est bien passé.

À aucun moment, je me suis dit que ça allait être dur. Je me suis même sentie soulagée.

La première fois, le couple est resté quinze jours sur place après la naissance. Ils venaient tous les jours, car la maman a eu besoin de me voir. Pour le deuxième couple, ça s'est passé différemment, peut-être parce qu'on était plus liés : leur enfant a 4 ans, on parle régulièrement, ils viennent en vacances…

"On ne vit pas les grossesses de la même manière"

Je n'ai pas eu de "rupture" au moment de l'accouchement car je ne me suis pas du tout attachée à l'enfant que je portais. Je me suis attachée au couple pour qui je le portais, c'est avec lui que je parle régulièrement. L'enfant, depuis le début, je sais que ce n'est pas le mien. Je n'en voulais plus. Ça paraît un peu dur mais je n'ai pas plus d'attachement pour ces deux enfants que j'ai portés que pour n'importe quel enfant d'amis très proches.

On ne vit pas du tout les grossesses de la même manière : on est beaucoup plus anxieuse dans une grossesse pour autrui, parce que c'est quelque chose qui pourrait avoir des conséquences, alors qu'on vit un peu plus normalement quand ce sont les siens. Les gens le voyaient autour de moi : pour mes propres grossesses, je parlais à mon enfant, j'avais envie de le rencontrer, j'étais impatiente… Pour cet enfant-là, j'étais heureuse d'être enceinte, mais j'étais heureuse pour eux. À aucun moment, je me suis dit que ça allait être dur. Je me suis même sentie soulagée."