Rétrospective Polanski à Paris : "Les agresseurs continuent d'être encensés"

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A.H. , modifié à
Sur Europe 1, Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d'Osez le féminisme, appelle à un rassemblement contre la rétrospective Polanski, lundi soir devant la Cinémathèque française.
INTERVIEW

La polémique gonfle autour de la rétrospective consacrée à Roman Polanski, à la Cinémathèque française à Paris. En pleine affaire Weinstein, et alors que de plus en plus de femmes s'élèvent pour dénoncer les violences sexuelles dont elles ont été victimes, l'institution entend rendre hommage à l'oeuvre du réalisateur franco-polonais, lui-même poursuivi pour agression sexuelle. L'inauguration est prévue lundi soir, possiblement en présence du cinéaste. 

Une contribution à "l'impunité des agresseurs". "Roman Polanski est accusé de cinq viols sur mineures. Il n'est toujours pas jugé, il est en fuite depuis 1978. Et pourtant, on continue de lui tresser des lauriers, de lui donner une place sociale et culturelle importante", dénonce lundi matin sur Europe 1 Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d'Osez le féminisme, qui appelle avec d'autres associations féministes à un rassemblement de protestation devant la Cinémathèque, lundi soir. "C'est aussi ça qui construit l'impunité des agresseurs. Quand on nous demande pourquoi les femmes ne parlent pas, c'est simplement parce que les agresseurs continuent d'être loués et encensés", déplore la militante.

"Une responsabilité vis-à-vis des victimes". L'institution cinématographique s'est défendu en accusant Osez le féminisme d'ériger en censeur. "La Cinémathèque dit qu'elle ne peut pas se substituer à la justice, mais le problème est bel et bien que Roman Polanski fuit la justice", souligne Raphaëlle Rémy-Leleu. La Cinémathèque française se targue d'une "responsabilité sociale et citoyenne de la culture en France. Eh bien c'est aussi une responsabilité sociale et citoyenne vis-à-vis de l'ensemble des victimes de violences masculines, qui ne peuvent pas supporter qu'un homme en attente de procès pour de tels faits, soit encore une fois auréolé et mis en valeur".

"Est-ce que la Cinémathèque assumera dans 20 ans ?". Pour la militante féministe, l'argumentaire, maintes fois utilisé, affirmant qu'il faut savoir séparer l'homme de son oeuvre ne tient pas. "Toute méthode artistique nous apprend qu'il faut analyser une oeuvre dans son contexte, qu'il faut avoir en tête des éléments de biographie de l'auteur et que ça va rentrer dans l'histoire", assure-t-elle. Raphaëlle Rémy-Leleu pose la question : "Est-ce que finalement la Cinémathèque française assumera dans 10, 20, 50 ans, alors qu'on aura enfin réaliser l'importance des violences masculines ? Est-ce que de telles institutions publiques assumeront d'avoir construit cette impunité, d'avoir mis de tels hommes dans des positions de pouvoir alors que l'on sait qu'ils utilisent ce pouvoir pour agresser des femmes ?"