Enfants placés 2:09
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Mathilde Durand
Dimanche soir, la diffusion d'un reportage dans "Zone Interdite", sur M6, illustrait une nouvelle fois les défaillances de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Perrine Goulet, députée LREM et rapporteure de la mission d'information sur l'ASE réagit au micro d'Europe 1. "Cela fait plus de vingt ans que j'ai quitté l'ASE, et les choses n'ont pas beaucoup changé", concède-t-elle, choquée par les images. 
INTERVIEW

Diffusé dimanche à 21 heures sur M6 dans Zone InterditeMineurs en danger : enquête sur les scandaleuses défaillances de l’aide à l’enfance révèle le terrible quotidien des enfants placés dans des foyers et des familles d'accueil. 314.000 enfants dépendent de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) en France, soit un sur cinquante. Perrine Goulet, députée LREM et rapporteure de la mission d’information sur l’ASE, l’aide sociale à l’enfance, réagit sur Europe 1 à ce reportage choc. La députée a d'ailleurs vécu cette situation car elle est passée par l'ASE, à l'âge de 9 ans. 

"Ce n'est pas du tout acceptable"

"Heureusement tout ne se passe pas comme ce qu’on a pu voir. Mais il y a en effet toute une partie que j'ai reconnue. Et le plus blessant, c'est que cela fait plus de vingt ans que j'ai quitté l'ASE, et les choses n'ont pas beaucoup changé". Elle salue un documentaire "difficile mais nécessaire" qui met en lumière "les énormes difficultés" de certains départements, et de certains éducateurs. 

"C'est intéressant car nous pouvons voir les difficultés des éducateurs qui n'ont pas les moyens, qui ne sont pas assez nombreux ou avec des collègues peu qualifiés. On voit aussi à quel point les enfants sont difficiles. On ne peut pas continuer comme ça", ajoute-t-elle. Dans le reportage, une des journalistes réussit à se faire recruter sans vérification du casier judiciaire, ni formation adéquate. "Ce n’est pas du tout acceptable", juge la députée. "C’est très déroutant, à l’heure des violences sexistes et sexuelles sur les enfants, qu’on ne vérifie pas systématiquement les casiers judiciaires des personnes qui vont intervenir."

Un état des lieux dans trois mois

Le secrétaire d'Etat chargé de la Protection à l'enfance, Adrien Taquet, a réagi dans un communiqué. Il a demandé aux préfets dans les trois mois un état des lieux de la manière dont les établissements sont gérés. En effet, chaque département est autonome dans cette compétence de prise en charge des enfants placés. "Je veux également m'assurer que chaque département dispose bien d'un plan annuel de contrôle des foyers. En cas de défaillance, l'Etat élaborera ses propres contrôles, complémentaires. Ils seront menés par les préfets et l'Inspection générale des affaires sociales", ajoute-t-il.

"C'est une réaction post-reportage", admet Perrine Goulet. "Avant, l'Etat ne voulait pas s'immiscer, là le ministre rentre en contrôle et c'est une grande première." La députée annonce également le vote lors du dernier budget d'une somme de 80 millions à destination de 30 départements, pour déployer certains nombres de nouvelles structures ou un accompagnement plus appuyé". "C’est un premier pas, il faut que ce soit généralisé", ajoute-t-elle. 

Une loi avant la fin de l'année

L'année dernière, un reportage de l’émission Pièce à convictions sur France 3 avait déjà pointé du doigt les conditions d'accueil terribles de certains enfants placés. "En un an, certaines choses ont évolué", rassure Perrine Goulet. "Les députés ont mené une mission d'information. Cela nous a permis, avec 23 députés de toutes couleurs politiques, de faire des propositions au ministre avec lequel nous discutons actuellement." En parallèle, des commissions ont également émis des propositions.

"Il est urgent qu'avant la fin de l'année, nous ayons un texte législatif pour remettre de l'Etat dans cette politique, pour faire évoluer la situation de ces enfants et créer des conditions de réussite." En effet, selon le dernier rapport del a Fondation Abbé Pierre, un quart des jeunes de moins de 25 ans actuellement à la rue sont des anciens enfants placés. "C'est un échec collectif", conclut la députée.