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Tiffany Fillon
Le magazine "Zone Interdite" sur M6 revient dimanche avec une enquête bouleversante sur les défaillances de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) chargée de protéger les enfants des violences et de la maltraitance. Ophélie Meunier, présentatrice et rédactrice en chef de l'émission, dévoile sur Europe 1 le contenu et les coulisses de ce documentaire poignant, réalisé par Jean-Charles Doria.  
INTERVIEW

C'est un documentaire qui fait froid dans le dos. Diffusé dimanche à 21 heures sur M6 dans Zone Interdite, Mineurs en danger : enquête sur les scandaleuses défaillances de l’aide à l’enfance révèle le terrible quotidien des enfants placés dans des foyers et des familles d'accueil. Invitée de Philippe Vandel, Ophélie Meunier, présentatrice et rédactrice en chef de Zone Interdite, évoque cette émission aux côtés d'Adeline, une jeune femme qui a toujours vécu dans ces structures. 

Des journalistes infiltrés dans les foyers

Pendant un an, les équipes de Zone interdite se sont infiltrées dans plusieurs foyers de l'Aide sociale à l'enfance, organisme qui vient en aide aux familles qui connaissent d'importantes difficultés matérielles ou éducatives. Elle permet aux mineurs d'être accueillis en foyer ou en famille d'accueil jusqu'à leur majorité. Ce documentaire exceptionnel, réalisé par Jean-Charles Doria, montre des images choquantes et bouleversantes. 

"Nous avons eu des refus de la part des foyers. Donc, pour montrer ce qu'il se passe, on n'a pas d'autre choix que de s'infiltrer", précise la présentatrice. "Ce n'est pas un amusement pour un journaliste de faire une infiltration. C'est difficile, émotionnellement et physiquement compliqué. On ne sait pas ce que l'on va découvrir."

Une pénurie d'éducateurs

Des journalistes de l'émission ont été employés comme éducateurs après un simple coup de fil et vingt minutes d'entretien alors qu'ils n'avaient aucun diplôme, aucun contrat et qu'ils n'avaient donné aucun extrait de casier judiciaire. "Il y a certainement une pénurie d'éducateurs et de travailleurs sociaux dans les foyers. Il y a des moments où les foyers se retrouvent avec des manques d'effectifs donc ils appellent des postulants. C'est tombé sur nos journalistes et c'est comme ça qu'ils ont été embauchés si rapidement", raconte Ophélie Meunier. 

À l'intérieur de ces foyers, on découvre des locaux dans des états parfois déplorables, des chambres sales et des sanitaires délabrés. C'est le cas notamment dans un foyer de Seine-Saint-Denis dans lequel les équipes de Zone Interdite ont pénétré. "Pour couronner le tout, depuis quelques jours, même l'eau du robinet est infectée, une cheffe de service vient alerter le personnel", peut-on entendre dans un extrait de l'enquête diffusé sur Europe 1. Le constat d'une travailleuse sociale s'enchaîne. "Il y a de la merde dans l'eau. Ça sentait très fort donc on s'est dit qu'il y avait peut-être un rat mort qui a infecté l'eau. Ils avaient vus un rat, les gamins. Ils en avaient filmé un en train de courir", dit-elle. 

De la prostitution et des viols entre enfants

Le documentaire pointe aussi des violences en tous genres : des ados âgées de 13 ou 14 ans qui se prostituent ou des viols entre enfants. "Il peut y avoir des dysfonctionnements mais s'ils étaient correctement remontés aux autorités peut être que les choses bougeraient plus", commente Ophélie Meunier. "On essaye de montrer la réalité de la situation pour que chacun prenne conscience des horreurs que vivent les enfants."

Les foyers sont aussi concernés par des détournements de fonds. L'enquête révèle qu'une ancienne directrice de foyer droguait les enfants à coups d'antipsychotiques pour avoir la paix et les frappaient tout en ayant détourné 200.000 euros. 

Face à ces conditions difficiles, l'une des journalistes a arrêté l'infiltration au bout de quatre jours. Un abandon qui reflète la détresse des éducateurs, qui, selon Ophélie Meunier, "sont poussés à bout". "On souhaite qu'ils tiennent parce que sans eux malheureusement, ce serait compliqué. Il y en a certains encore une fois qui font bien leur travail et d'autres qui sont dépassés ou encore d'autres qui ne sont pas compétents", explique-t-elle. 

Beaucoup de foyers ont, par ailleurs, refusé que les équipes de Zone Interdite se rendent dans leurs locaux. "Des foyers nous ont ouvert leurs portes, notamment un qui est un bon exemple. Il montre qu'il est possible pour les foyer de remplir leurs missions de protection de l'enfance", détaille Ophélie Meunier, qui fait référence à un foyer situé dans le Bas-Rhin. Celui-ci comporte une école, a adopté une pédagogie adaptée et a introduit des animaux laissés en liberté.