Une cérémonie d'hommage a été rendue en l'église Saint-Thomas de Strasbourg aux victimes de Chérif Chekatt. Photo d'illustration.
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Charlotte Baechler, avec AFP
Samedi, l'église Saint-Thomas s'est remplie pour un hommage multiculturel aux cinq victimes de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg. 
REPORTAGE

"Bartek aurait apprécié ce genre de manifestation. Il aurait été le premier à participer." Samedi, en l'église Saint-Thomas de Strasbourg, Esther "essaie d'être festive" en dépit de la tristesse. La jeune femme est venue, comme beaucoup d'autres, rendre hommage aux victimes de l'attentat perpétré il y a deux mois près du marché de Noël de la capitale alsacienne. Et plus particulièrement à son ami, Bartek, tombé avec un touriste thaïlandais, un garagiste franco-afghan venu chercher la paix en France, un père de famille strasbourgeois et un jeune journaliste italien sous les balles de Chérif Chekatt.

Diversité. Le mot d'ordre de la cérémonie est la diversité. Sur scène, les chants yiddish succèdent aux danses flamenco, au concerto de Mozart, aux poésies et aux lectures. Au total, quelque 350 artistes, musiciens, chanteurs, danseurs ou conteurs, ont pris possession de la "cathédrale du protestantisme alsacien", qui fait salle comble. Dans les travées, les visages sont graves, les yeux parfois rougis, les sourires un peu tristes. Strasbourg panse encore ses plaies. "Cette journée, ça va permettre de dire au revoir", souffle François, qui lui aussi connaissait Bartek. Ensemble, ils chantaient dans une chorale.

" Nous avons été choqués, bouleversés, sidérés, par cette attaque dans la ville des droits de l'Homme et des libertés. "

"Montrer que la vie continue". Debout au premier rang, un père et sa petite fille de 9 ans tendent un calicot blanc qui proclame : "Tous unis contre la barbarie". "Nous sommes venus pour montrer notre soutien, notre solidarité, montrer que la vie continue", explique Abel Ouali, un "commerçant strasbourgeois et musulman". "Nous avons été choqués, bouleversés, sidérés, par cette attaque dans la ville des droits de l'Homme et des libertés."

"Blessés, mais pas divisés". Pour Claire, l'une des organisatrices de la cérémonie, l'hommage doit permettre de se souvenir, mais aussi d'aller de l'avant, de reprendre le flambeau de ceux qui ne sont plus là. "J'aime bien l'image du jardinier", explique-t-elle. "Tu as planté quelque chose et tu n'es plus là. Et bien on va s'en occuper pour toi et ça va fleurir, ça va prendre." François, lui aussi, pense à l'après. "Nous sommes blessés, mais pas divisés."

"Ça t'aurait plu". Dans un coin, un livre d'or a été disposé, et les Strasbourgeois se pressent pour laisser un message. "J'ai écrit ces mots qui disent qu'une initiative comme ça nous fait réfléchir sur ce qu'on doit garder de ces terribles souvenirs, de cette souffrance, de ce deuil pour aller de l'avant", explique Sylvain, habitant du Neudorf, le quartier où s'est caché Chérif Chekatt avant d'être rattrapé par la police. Un autre a écrit : "Ça t'aurait plu, tous ces gens différents qui se retrouvent pour un tel partage."