Le Premier ministre, Edouard Philippe, devant la ministre du Travail, Muriel Pénicaud 2:00
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Théo Maneval, édité par Cédric Chasseur
Le Premier ministre dévoile mercredi, à l'issue d'un Conseil interministériel sur le sujet, ses mesures déjà très discutées sur l'immigration. Parmi la vingtaine de propositions qu'Edouard Philippe devrait égrener figure les quotas d'immigrés professionnels. Une décision qui fait réagir certains étrangers diplômés, déjà installés sur le territoire français. 
REPORTAGE

La mesure devrait entrer en vigueur dès l'été 2020. La France va fixer chaque année des "quotas" d'immigrés professionnels, pour que la "France recrute en fonction de ses besoins de travail", selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Une façon pour le gouvernement de faire face aux difficultés de recrutement dans les métiers en tension, comme l'hôtellerie, la restauration ou la mécanique. Or, des étrangers diplômés dans ces secteurs, il y en a déjà sur le territoire. Le problème, c'est que bien souvent, ils sont sans-papiers.

Alors à la place, ils sont contraints d'exercer des petits boulots qui n'ont rien à voir avec leurs diplômes, faute de ces documents administratifs. A l'image de Fleur, arrivée du Bénin il y a neuf ans, ils dénoncent l’hypocrisie du gouvernement sur la question. "J’ai un BTS hôtellerie, mais je n’ai pas pu travailler ici", déclare cette femme qui a été "gouvernante pour superviser les femmes de chambre". "Les gens ont envie d'embaucher, mais tant que tu n'as pas de titre de séjour, c'est compliqué", explique celle qui a été piégé par un homme qui lui promettait une situation en règle, avant de se retrouver sans-papiers.

Salima, sans-papier depuis l'expiration de son visa, explique que pour obtenir ce titre de séjour, il faut présenter des fiches de paie, donc des preuves que l'on travaille déjà. Venue du Maroc, un diplôme de comptable en poche, elle exerce depuis auprès "des personnes âgées". Elle fait aussi "des gardes d'enfants" ou "des ménages" pour subvenir à ses besoins. "On se sent déclassé parce qu'on se retrouve à faire des métiers bien en dessous de nos compétences", dénonce-t-elle. "C’est sur que pour certains, toujours dans les pays africains ou asiatiques, c’est une opportunité. Mais ils n’ont qu’à régulariser les personnes diplômées qui sont ici." Malgré cela, Salima, comme Fleur, espèrent toujours parvenir un jour à exercer leur "vrai" métier dans l’Hexagone, après dix ans passées sur le territoire français.