Gérard Bertrand, vigneron et entrepreneur, était l'invité d'Europe 1 vendredi. 0:50
  • Copié
Séverine Mermilliod , modifié à
Alors que les intempéries risquent, avec le changement climatique, de se multiplier dans les années à venir, Gérard Bertrand, entrepreneur et vigneron, estime sur Europe 1, vendredi, que la viticulture est "à un tournant". Le professionnel anticipe avec un changement des modes de production et un modèle d'assurance à réinventer pour faire face, notamment, aux catastrophes naturelles.
INTERVIEW

Une vision, un sentiment, et quelques pistes pour la viticulture du 21e siècle. "J'ai voulu témoigner de ma vision du dérèglement climatique, mais aussi, bien sûr, des recettes à apporter pour qu'on puisse continuer à vivre en harmonie dans ce pays et dans le monde", explique Gérard Bertrand, vigneron, invité d'Europe Soir vendredi. L'entrepreneur a écrit un ouvrage à propos des nombreux changements à l'ouvre dans la viticulture. Gel, inondations, tempêtes… Les vignerons n'ont pas été épargnés ces dernières années.

Changement dans les modes de production

"On est passé d'une logique d'abondance à un défi de la pénurie. Aujourd'hui, il faut se réinventer et je considère que la viticulture doit être un exemple pour l'agriculture française", souligne Gérard Bertrand, qui a établi un empire viticole pesant plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, aujourd'hui entièrement cultivé en biodynamie. Selon lui, dans les vingt prochaines années, l'agriculture biologique et la biodynamie (un modèle de culture basé sur le calendrier lunaire) deviendront la norme en viticulture.

"On est à un tournant, un changement de paradigme. On voit le succès aujourd'hui des produits bio, le label AB en France est très reconnu et pour le vin c'est Demeter ou Biodivin pour la biodynamie. De plus en plus souvent, les cavistes, les foires aux vins et les restaurants, les sommeliers, font la promotion de ces vins-là et rencontrent  un écho très favorable auprès des consommateurs et des grands amateurs de vin", assure le vigneron.

Faire face aux intempéries

Alors que les terrasses des restaurants devraient, si tout va bien, rouvrir le 19 mai, Gérard Bertrand assure "croiser les doigts. Avec la trilogie du Covid, de la fermeture des restaurants, des taxes Trump et du gel, il est temps que le Soleil revienne !" Les derniers épisodes de gel vécus par les viticulteurs ont en effet fait perdre parfois jusqu'à 80 à 100% des récoltes. "Nous, on a 20 à 25% de nos domaines qui ont été touchés. (…) Pour le Languedoc, la moyenne, c'est entre 30 et 40%. Mais c'est vrai qu'on a eu trois nuits, dont une à -8 degrés, c'était terrible", se souvient Gérard Bertrand.

Le gouvernement a annoncé un milliard d'euros d'aide aux agriculteurs touchés par le gel, mais pour l'entrepreneur, un changement doit aussi avoir lieu du côté des assurances. "L’État a fait son travail", conclut Gérard Bertrand, mais "maintenant, c'est aux assurances de réinventer un modèle pour le gel."