Procès Merah : un juge d'instruction antiterroriste sur la sellette

Dans la salle d'audience, Éric Dupond-Moretti a vivement attaqué l'accusation.
Dans la salle d'audience, Éric Dupond-Moretti a vivement attaqué l'accusation. © Eric FEFERBERG / AFP
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avec AFP , modifié à
La défense d'Abdelkader Merah s'est employée mercredi à pointer certaines lacunes de l'accusation lors d'un face-à-face tendu avec l'un des juges antiterroristes.

L'un des juges antiterroristes qui a instruit le dossier Merah a été mis sur la sellette mercredi par l'avocat de l'accusé, Abdelkader Merah, qui comparaît devant la cour d'assises de Paris pour "complicité" dans les crimes de son frère Mohamed. Sans une note et pendant trois quarts d'heure, le magistrat Christophe Teissier, 54 ans, a résumé avec aisance à l'audience l'ensemble des actes de son instruction ayant abouti à la mise en cause des deux accusés. Il a ensuite été longuement interrogé par l'avocat d'Abdelkader Merah, Éric Dupond-Moretti, qui l'avait cité à comparaître. Un face-à-face tendu qui a mis en lumière certaines lacunes de l'accusation.

Des audios incriminants ? "Vous nous avez livré une version conforme à votre instruction, mais qui vous a donné les informations sur Abdelkader en dehors de lui-même ?", a demandé le ténor du barreau au juge. L'avocat a rappelé que c'est l'accusé lui-même qui a signalé sa présence lors du vol du scooter utilisé lors des tueries par son frère et qui a indiqué qu'il écoutait des audios de cours de préparation au djihad dont Mohamed Merah, selon l'accusation, aurait pu s'inspirer.

"Oui, c'est le premier a avoir parlé du vol du scooter", a convenu Christophe Teissier. "Mais c'est quand les audios ont été retrouvés sur son Ipod qu'il a dit qu'il les avait écoutés", a-t-il ajouté. Sur ces fichiers compromettants, qui fondent l'accusation d'association de malfaiteurs terroriste criminelle, l'avocat a indiqué avoir réclamé au juge une transcription intégrale qui lui a été refusée. "Or, un certain nombre d'entre eux n'ont aucun rapport avec le comportement adopté par Mohamed Merah", a-t-il souligné.

Abdelkader accusé de complicité. L'avocat s'est également interrogé sur ce qui différencie le cas d'Abdelkader Merah, accusé d'extrémisme religieux, complicité dans le vol du scooter et l'achat d'un blouson utilisé par le tueur, de celui de Mohamed Meskine, contre lequel pesaient les mêmes charges mais qui, lui, a bénéficié d'un non-lieu grâce au revirement d'un témoin.

Abdelkader Merah est jugé pour "complicité" des sept assassinats perpétrés par son frère Mohamed en mars 2012. Il est également accusé d'avoir participé "à un groupement criminel affilié à Al-Qaïda prônant un islamisme djihadiste (…) en appliquant à lui-même et à son frère Mohamed les recommandations de cette organisation dont il possédait les enseignements et les conseils opérationnels". Il comparaît auprès d'un délinquant, Fettah Malki, qui a fourni l'une des armes et un gilet pare-balles utilisés par Mohamed Merah.