Jacky Kulik, le père d'Élodie, tient un portrait de sa fille lors du premier procès de Willy Bardon, le 21 novembre 2019 à Amiens. 1:51
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Lionel Gougelot, édité par Yanis Darras
Au septième jour du procès en appel de Willy Bardon dans le cadre du viol et du meurtre d'Elodie Kulik, l'enregistrement de l'appel de la jeune femme aux pompiers divise les experts. Si deux voix masculines se font entendre, l'enregistrement de très mauvaise qualité rend difficile l'identification de ces dernières.

A qui appartiennent les voix masculines que l'on peut entendre sur l'enregistrement de l'appel d'Elodie Kulik aux pompiers ? C'est la question qui se pose dans le cadre du procès en appel de Willy Bardon, pour le viol et le meurtre de la jeune femme en 2002. Si les experts sont formels et reconnaissent bien deux voix masculines derrière les hurlements d'Elodie Kulik sur la bande son, ils se heurtent à la difficulté de les identifier scientifiquement. En cause, la mauvaise qualité de l'enregistrement et les briques de mots trop inintelligibles. 

Un enregistrement "biaisé"

L'expert de la police scientifique a même lancé une mise en garde en direction de la cour en appelant cette dernière à la prudence face à l'enregistrement. Pour un scientifique entendu comme témoin , la reconnaissance vocale est impossible quand on ne distingue pas les mots prononcés. Un doute sérieux qui pourrait bénéficier à l'accusé. 

"Concrètement, on a une bande qui dure 26 secondes sur laquelle on identifie des individus" sur quelques secondes "sur un enregistrement de très mauvaise qualité qui en plus est biaisé par tout ce qu'on entend autour, c'est à dire la détresse de cette jeune femme qui n'est pas contestable", assure Stéphane Daco, un des défenseurs de Willy Bardon. 

"On a des chances de se tromper"

"L'expert nous dit qu'on ne peut pas identifier quelqu'un. Je pense que tout est dit à ce moment-là. Dire que très clairement dans ce dossier-là, si on s'arrête aux éléments de preuve, il n'y en a pas qui implique Monsieur Bardon dans ce dossier", ajoute-t-il. 

Pourtant les proches de Willy Bardon affirment avoir reconnu sa voix dans l'enquête. C'est même ce qui a été déterminant dans son renvoi aux assises et sa condamnation en première instance. Ces proches reviendront témoigner devant la cour ce jeudi. Les experts temporisent cependant. Pour l'un d'entre eux, "même pour un proche, plus le document sonore est court et de mauvaise qualité, plus on a des chances de se tromper".