Pourquoi saler les routes en hiver est un désastre environnemental

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Fanny Agostini
S'il est redoutablement efficace pour empêcher le gel des chaussées, le sel déversé sur les routes par temps froid peut être un désastre environnemental. Et des solutions alternatives existent, rappelle notre chroniqueuse, Fanny Agostini.

Il en va de la sécurité des usagers. Le sel, déversé pour accélérer la fonte de la neige sur les routes et trottoir, est effectivement très efficace. Mais nous n'avons pas idée des quantités qu'il faut déverser chaque hiver : la moitié de la production mondiale de sel est utilisée pour le salage des routes... avec des conséquences évidentes pour la faune et la flore.

Le seul brûle la végétation et modifie l'acidité des sols

Car ce surcroît de salinité entraîne des bouleversements aux abords des routes. Le sel va brûler la végétation, se diluer dans le sol, modifier son acidité, nuisant ainsi à sa fertilité. Par infiltration, il va se retrouver autant dans les nappes phréatiques que dans les cours d'eau. Ce qui peut être mortel pour toute une communauté d'animaux, comme les poissons d'eau douce ou encore les tritons, les crapauds, les salamandres…

 

Le sel réagit aussi avec les métaux lourds présents sur les revêtements routiers. Par réaction chimique, il va favoriser la dispersion des métaux lourds présents sur les routes, notamment ceux qui se concentrent avec l'usure des pneus et les gaz d’échappement. Tenant compte de cette problématique, il est important de trouver des alternatives pour limiter cette pollution saisonnière grâce au sablage et au raclage, ou en utilisant des copeaux et de la pouzzolane, une roche volcanique naturelle.

Quotas et hiérarchisation des usages

Une attention particulière devrait être portée sur les routes qui entrent en contact avec des sites naturels à forte valeur ajoutée environnementale, comme les réserves naturelles, ou les chaussées situées à proximité des rivières. Une réglementation se met d’ailleurs en place pour limiter les dommages, sous l'impulsion de l'association France Nature Environnement. Cela permettrait de hiérarchiser les usages et les solutions à mettre en oeuvre par temps de neige ou de gel pour ne pas systématiser le salage.

On peut pour cela s'inspirer de ce qui se fait ailleurs en Europe, comme en Autriche, où le salage est même prohibé sur certains tronçons routiers. En Finlande, il existe même des quotas pour limiter l'usage du sel, récompensé par le versement d'une prime lorsque les quantités utilisées sont inférieures aux prévisions.