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Jean-Luc Boujon, édité par Manon Fossat
Un juge fédéral américain vient de considérer que "gruyère" est un terme générique et que les producteurs américains ont donc désormais le droit de commercialiser leur fromage sous ce nom. Une décision qui provoque la colère de leurs homologues français et suisses, qui considèrent que ce patrimoine est lié à notre territoire.
REPORTAGE

Le gruyère est le fromage emblématique de nos montagnes, fabriqué en Suisse et en France, et essentiellement dans les Alpes savoyardes et en Franche-Comté. Mais depuis quelques jours, il existe un "gruyère américain". Un juge fédéral vient en effet de considérer que "gruyère" est désormais un terme générique et que les producteurs américains ont le droit de le commercialiser sous ce nom. Un vrai séisme au pays du gruyère français où la guerre des fromages est déclarée. C'est notamment le cas à Poligny, dans le Jura, où Europe 1 a rencontré des acteurs du secteur. 

"Un patrimoine attaché à un territoire"

En Franche-Comté, comme en Suisse voisine, le gruyère est un fromage ancestral, fabriqué depuis le Moyen-Age. Le gruyère français, ce sont de larges meules, une pâte souple avec des petits trous, et surtout un goût fruité, obtenu après un affinage en cave de plusieurs mois. Rien à voir avec le soi-disant "gruyère américain", explique Eric Chevallier, de la coopérative Monts Et Terroirs de Poligny.

"Il n'y a pas photo. Les arômes sont complètement différents, on n'est pas du tout sur les notes florales que l'on peut avoir ici et puis surtout, les textures sont beaucoup plus raides et dures. Il n'y a pas la souplesse et l'onctuosité que l'on trouve sur notre gruyère français", assure-t-il. "C'est un patrimoine attaché à un territoire pour faire vivre les gens de ce secteur et quelque part on est en train de bafouer ce qui a été construit pour cette filière", poursuit Eric Chevallier.

Un cahier des charges très strict

Pour obtenir un vrai gruyère, il y a en effet un cahier des charges très strict à respecter, comme le détaille Aurélien Drouart, producteur de lait en Haute-Saône. "Les vaches ont l'obligation de pâturer, de manger l'herbe en extérieur. On a également une alimentation non-OGM et on est limité à cinq races de vaches. Et aujourd'hui aux Etats-Unis je n'ai pas l'impression que l'on puisse avoir ce label de qualité. On ne souhaite pas qu'ils puissent être produits n'importe comment", soulève-t-il.

Les producteurs de gruyère demandent donc à l'Europe de monter au créneau, afin de faire appel de la décision américaine.