Pourquoi ils ont manifesté contre la loi El Khomri

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Camille, Thomas et Laure ont défilé, mercredi à Paris, contre la loi El Khomri © Margaux Baralon
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REPORTAGE - Mercredi, comme plusieurs dizaines de milliers de Français, Thomas, Françoise ou encore Christophe, ont sorti banderoles et slogans pour dénoncer le projet de loi. Et, plus largement, exprimer leur ras-le-bol des politiques gouvernementales. Témoignages.
REPORTAGE

Sous les pancartes, la déception. Entre 27.000 personnes, selon la préfecture, et 100.000, selon les organisateurs, ont défilé contre la réforme du travail à Paris mercredi. Au-delà du projet de loi et ses points les plus controversés, c'est la ligne politique du gouvernement que les manifestants ont dénoncé. De la loi Macron à la déchéance de nationalité, en passant par l'état d'urgence, la coupe est pleine pour ces étudiants, salariés, retraités ou encore intermittents, qui se disent pourtant majoritairement à gauche. Ils nous ont confié leur ras-le-bol.

  • Thomas, 35 ans : "Thatcher et Reagan auraient signé"

Ce musicien, intermittent du spectacle, est venu manifester contre la "énième loi rétrograde" du quinquennat de François Hollande.

Thomas manif

Thomas cite pêle-mêle "l'accord national interprofessionnel (ANI), la réforme des retraites, l'état d'urgence" pour justifier son rejet d'un gouvernement socialiste pour lequel il a pourtant voté en 2012. "Thatcher et Reagan auraient signé le programme politique" de l'exécutif.

  • Laure, 42 ans : "La dernière fois que j'ai défilé, j'étais au lycée"

Cette courtière en assurance n'est pas une habituée des manifestations. Mais là, c'était trop.

Laure manif

Laure est venue protester contre un avant-projet de loi qu'elle a bien lu et garde dans son sac à dos. Elle qui a soigneusement préparé sa banderole pendant sa pause déjeuner avec ses collègues pointe "le plafonnement des indemnités prud'homales et l'allongement du temps de travail sans compensation de salaire" contenus dans la loi El Khomri. "La dernière fois que j'ai défilé, j'étais au lycée. Mais ce gouvernement de gauche mérite des droites."

  • Christophe, 22 ans : "Je manifeste parce que je suis de gauche"

Affilié nulle part, l'étudiant en droit franco-allemand est venu avec ses camarades de classe.

Christophe manif

"Je manifeste parce que je suis de gauche, tout simplement", explique Christophe en dénonçant "la remise en cause des 35 heures" et les mesures sur les licenciements économiques. "Ce que je reproche à Manuel Valls, c'est de ne rien avoir à faire au Parti socialiste."

  • Françoise, 68 ans : "On revient un siècle en arrière"

Cette retraitée de l'Education nationale ne retient "rien de bon" du projet de réforme du travail.

Françoise manif

Ancienne syndiquée au SNES-FSU, Françoise a de la bouteille en matière de manifestation. "Toute ma vie, j'ai bagarré pour le progrès social. Là, on fait revient un siècle en arrière en matière d'acquis sociaux." Elle qui a voté François Hollande sans grande conviction en 2012 trouve le président "pire que ce [qu'elle] craignait".

  • Camille, 40 ans : "Je ne comprends pas comment ça peut créer de l'emploi"

Cadre en recherche dans la cancérologie, elle estime que la réforme du travail est à la fois dangereuse et inefficace.

Camille manif

"Plus de flexibilité ? Je comprends." Camille n'est pas complètement fermée à la logique invoquée par le gouvernement pour justifier la loi El Khomri. Mais elle en conteste fermement les implications concrètes. "La loi est surtout dirigée vers les grands groupes, pas les PME", estime-t-elle, citant notamment l'importance donnée aux accords d'entreprise. "Je ne vois pas comment compter sur les acteurs de l'entreprise pour protéger les salariés. Je ne comprends pas comment ça peut créer de l'emploi." Sa dernière descente dans la rue pour s'opposer à une loi remonte à ses années de lycée.

  • Crapaus, 21 ans : "On assiste à un virage peu démocratique du gouvernement"

L'étudiant en musique voulait montrer qu'il avait "quelque chose à dire" et faire un pied de nez à l'état d'urgence.

Crapaus manif

Il lui fallait "soutenir la lutte contre la loi El Khomri". Mais son mécontentement dépasse largement le cadre de ce texte. Crapaus dénonce la déchéance de nationalité et l'état d'urgence qui, selon lui, témoignent d'un "virage peu démocratique du gouvernement" pris après les attentats du 13 novembre. "Cela fait trois mois qu'on ne peut pas manifester. Il fallait montrer qu'on a quelque chose à dire."