Pour Marc-Olivier Fogiel, le débat sur la GPA "est basé sur des fantasmes, des clichés"

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Anaïs Huet , modifié à
L'animateur de radio et de télévision Marc-Olivier Fogiel est le père de deux filles nées d'une gestation pour autrui (GPA). Il estime aujourd'hui que le sujet doit être mieux expliqué pour susciter moins de craintes infondées.
INTERVIEW

C'est à la fois en tant que journaliste et en tant que père que Marc-Olivier Fogiel s'engage publiquement pour la GPA, la gestation pour autrui. Ses deux filles, Mila et Lily, âgées de 7 et 5 ans, sont nées grâce à cette pratique interdite en France, mais légale aux États-Unis. L'animateur de radio et de télévision, auteur du livre Qu'est-ce qu'elle a ma famille ?, est venu se confier au micro de Nikos Aliagas, lundi matin sur Europe 1.

"Que chacun puisse avoir une idée réelle". "Je ne suis pas du tout militant, je suis journaliste. C'est un livre où je raconte mon histoire et aussi celles d'autres familles, essentiellement hétérosexuelles, car 60% des enfants nés de GPA en France sont dans des familles hétérosexuelles. C'est un livre qui cherche juste à informer", a-t-il expliqué. Marc-Olivier Fogiel raconte ainsi sans fard les joies, les peines et les difficultés de ces familles. "Aujourd'hui, le débat est tronqué. Il est basé sur des fantasmes, des clichés. Il faut que chacun puisse avoir une idée réelle. On raconte les choses de façon extrêmement déformée et qui stigmatise ces enfants", déplore-t-il.

 

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"Quand j'entends que l'on 'crée un enfant sur catalogue'… Ce sont des espèces de slogans tellement loin de la réalité d'amour que l'on vit !", assure-t-il.

"Une aventure collective". Les deux filles de Marc-Olivier Fogiel ont été conçues aux États-Unis, où la gestation pour autrui est pratiquée légalement. Jane a fourni l'ovocyte, et Michelle a porté les deux enfants. "Mes filles ne les appellent pas 'mères'. Mais on passe tous nos Noël avec Michelle, en famille. Avec ses parents à elle, ses enfants à elle. Tout cela a été une aventure collective. Jane, qui a donné la graine, les a rencontrées au mois de juin. Elle est venue en France, par pour les voir, mais par hasard. On a passé trois jours en France", rapporte le journaliste, encore émue par ce moment.

Entendu sur europe1 :
Dès qu'elles sont nées, je les ai prises dans mes bras, je pleurais et je leur ai dit : Vous avez deux papas

"Il n'y a aucun tabou". Mila et Lily savent tout des conditions de leur naissance. "J'en ai parlé ouvertement avec elles. Dès qu'elles sont nées, je les ai prises dans mes bras, je pleurais et je leur ai dit : 'Vous avez deux papas'", se souvient Marc-Olivier Fogiel. "Aujourd'hui, elles en parlent aussi facilement que si elles avaient un papa et une maman, et qu'elles étaient nées d'un acte d'amour sous une couette. Il n'y a aucun tabou", affirme-t-il. "Évidemment, il y a des petites filles qui viennent dormir à la maison, et elles vont dormir chez des petites filles. Elles voient un modèle différent, donc ça oblige à parler, à expliquer. Mais ce n'est jamais méchant ni discriminant", se réjouit le journaliste.

De son propre aveu, Marc-Olivier Fogiel s'avoue agréablement "surpris" de la bienveillance des enfants et des parents que sa famille côtoie "dans la réalité". "Contrairement au débat qui est extrêmement clivant et dans lequel on accentue les antagonismes", souligne-t-il.

"Avant de partir aux États-Unis, j'étais opposé à la GPA". C'est donc pour ouvrir la voie à un débat apaisé que Marc-Olivier Fogiel a décidé de prendre la parole. "Je ne veux pas forcément raconter pour convaincre, mais pour que les gens soient informés précisément de la façon dont ça se fait. Derrière, ils se feront un avis. Peut-être qu'il sera défavorable, et je le comprends, il n'y a aucun problème là-dessus. Moi-même, avant de partir aux Etats-Unis pour essayer cette voie de procréation médicalement assistée, j'y étais opposé. Et puis j'ai découvert un monde totalement différent", raconte l'animateur.

"Je pense que la France n'est pas prête pour la légalisation de la GPA, mais je me bats pour que ces enfants aient des parents. Aujourd'hui, beaucoup de ces enfants n'ont pas de parents aux yeux de la loi française, et je trouve que ce n'est pas possible", estime Marc-Olivier Fogiel. "J'en ai parlé à Emmanuel Macron, comme j'en avais parlé au président Hollande et au président Sarkozy."