Possible retour de l'alcool dans les stades : des addictologues s'inquiètent

Depuis 1991, la vente d'alcool et de tabac est interdite dans les établissements sportifs.
Depuis 1991, la vente d'alcool et de tabac est interdite dans les établissements sportifs. © JONATHAN DANIEL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
  • Copié
avec AFP
L'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie voit en ces propositions de loi une "offensive contre la loi Evin" de 1991, qui interdit la vente de tabac et d'alcool dans les établissements sportifs.

Va-t-on assister au retour de l'alcool dans les stades ? Des propositions de loi en ce sens ont en tout cas été déposées par des députés de la majorité et de l'opposition au grand dam des addictologues qui dénoncent des textes sous l'influence de lobbies.

"Sous prétexte de soutien au sport, ces députés se font le relais fidèle du lobby alcoolier qui, années après années, rogne progressivement la plus grande loi de santé publique dont la France soit dotée", a dénoncé dans un communiqué l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).

La loi Evin de 1991 contre le tabagisme et l'alcoolisme interdit la vente, la distribution et l'introduction de boissons alcoolisées dans tous les établissements d'activités physiques et sportives. Les clubs disposent cependant d'une dérogation pour vendre de l'alcool dix fois par an. La loi restreint également la publicité pour l'alcool.

"Faire de la France une nation sportive"

Cent cinq députés La République en Marche (LREM) ont déposé fin juillet à l'Assemblée une proposition de loi "visant à faire de la France une nation sportive" dans laquelle ils proposent "d'assouplir de manière encadrée" la loi Evin "dans les stades en étendant l'octroi d'autorisations temporaires de vente d'alcool aux sociétés sportives".

Mais, face à la polémique, l'une des signataires, la député Michèle Peyron, a déjà pris ses distances sur Twitter en se disant "farouchement" contre le retour de l'alcool dans les stades.

En février, une quinzaine de députés Les Républicains (LR) menés par le député des Vosges Stéphane Viry avaient déjà signé une proposition de loi allant dans le même sens et Valérie Beauvais (LR) avait présenté un autre texte visant lui à autoriser le sponsoring des clubs sportifs par des entreprises viticoles et des brasseurs français.

La député de la Nièvre Perrine Goulet (LREM) a enfin proposé en novembre, dans un rapport remis à Matignon, de passer de dix à quinze les événements annuels où les clubs sont autorisés à vendre de la bière. Elle suggère elle aussi d'assouplir également les restrictions de publicité pour les marques d'alcool sur les sites internet sportifs et le retour du sponsoring d'équipes françaises pour les viticulteurs et les brasseurs.

L'alcool "incompatible avec le sport"

"Il nous semble important de rappeler à ces députés que la consommation d'alcool est incompatible avec le sport" car sa "promotion (...) via les compétitions sportives", vise "à banaliser la consommation générale" et "en premier lieu, celle des jeunes qui constituent la majorité du public", explique l'ANPAA, appelant le pouvoir à sa "responsabilité" vis-à-vis de "la santé publique".

L'association voit dans ces propositions de loi l'enjeu économique que représente le sponsoring de futurs événements sportifs en France comme la Coupe du monde de rugby de 2023 et les Jeux olympiques de Paris en 2024.