La vallée de l'Arve est traversée par plusieurs milliers de camions chaque jour. 1:27
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C.L , modifié à
Muriel Auprince, porte-parole du Collectif Coll'Air Pur, explique sur Europe 1 les raisons qui ont poussé des habitants de la vallée de l'Arve a déposé un recours pour faire condamner l'État.

Malades d'une pollution récurrente de l'air, quatorze habitants de la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie, ont saisi mercredi la justice administrative pour faire condamner l'État pour "carence fautive". "Nous reprochons à l’État de ne pas agir suffisamment quand il y a des pics de pollution et pour lutter contre cette pollution chronique qui nous empêche de vivre normalement", explique sur Europe 1 Muriel Auprince, porte-parole du collectif Coll'Air Pur.

85 décès par an dus à la pollution. "Je descends tous les jours dans la vallée pour m’occuper de mes parents et à chaque fois j’ai les yeux qui piquent, je tousse, je respire moins bien. Je refais même de l’asthme, ce qui ne m’était pas arrivé depuis 40 ans", souligne Muriel Auprince. Fin septembre, à l'occasion de la visite de trois ministres dont Nicolas Hulot, une étude avait révélé que la pollution de l'air était responsable de 8% des décès dans la vallée de l'Arve, soit 85 décès prématurés par an. "C’est un minimum. On ne prend pas en compte les malades", clame la porte-parole de Coll'Air Pur.

Les plaignants réclament notamment une mesure plus précise des niveaux de pollution. "Officiellement, il y a une trentaine de pics de pollution par an. Mais il y a les jours décomptés, ceux au-dessus de la norme, et les autres, avec de plus petites particules encore plus dangereuses pour la santé. Résultat, alors que nous avons eu 15 jours de dépassement en décembre, 11 en janvier et 10 en février, l’OMS ne donnerait que trois jours sur cette période", déplore Muriel Auprince.

Entendu sur europe1 :
On doit empêcher nos enfants de courir alors que les gros pollueurs continuent de polluer

 

Très industrialisée et peuplée, traversée par une importante autoroute, la vallée de l'Arve mène d'Annemasse, en banlieue de Genève, au Mont-Blanc. Elle est parcourue par les nombreux poids-lourds gagnant le tunnel du Mont-Blanc. "Les camions, on peut peut-être commencer par en limiter le passage dans la vallée les jours de pics de pollution. Aujourd’hui, les camions passent et les usines continuent de travailler quand la pollution est élevée", souligne cette habitante de la vallée.

Adapter sa vie à la pollution. Lors de son passage, Nicolas Hulot avait reconnu qu'il n'avait "pas de baguette magique" pour remédier à cette situation. Un manque d'engagement qui agace les habitants, forcés d'adapter leur style de vie. "Les jours de pic, on demande à ce que les gens ne fassent pas de feu de cheminée. Il faut aussi que les enfants ne courent plus à l'école. Ce qui est difficile à vivre, c’est qu’on doit restreindre nos enfants alors que les gros pollueurs continuent de polluer", s'indigne Muriel Auprince.

Pour la première fois dans ce type de recours - d'autres ont déjà été déposés en juin 2017 en Île-de-France - , les représentants légaux de quatre enfants font partie des quatorze plaignants. Les plaignants réclament une indemnisation individuelle - aux alentours de 100.000 euros par personne. "C’est vraiment pour faire réagir l’État", précise la porte-parole. "Ce recours administratif, c’est une façon de lui demander de prendre ses responsabilités face à cette pollution."