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Pauline Rouquette , modifié à
Au lendemain de la mort de Samuel Paty, professeur d'histoire sauvagement assassiné et décapité après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, Plantu a réagi samedi au micro d'Europe 1. Le dessinateur a raconté comment il intervenait auprès des enfants dans les écoles pour échanger avec eux sur la liberté d'expression.
INTERVIEW

Aller dans les écoles, "on ne fait que ça depuis 15 ans", a raconté Plantu, samedi sur Europe 1. Au lendemain de l'attentat à l'encontre d'un professeur d'histoire, décapité quelques jours après avoir montré des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression, le dessinateur a expliqué l'importance de poursuivre l'enseignement auprès des plus jeunes.

"Réunir des dessinateurs chrétiens, juifs et musulmans"

Ce travail sur la liberté d'expression à travers le monde débute lorsque Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies convie plusieurs dessinateurs, dont Plantu, à New York. "Il nous a fait réunir des dessinateurs chrétiens, juifs et musulmans". Avec Kofi Annan, Plantu fonde alors "Cartooning for Peace", un réseau international de dessinateurs de presse engagés qui combattent, avec humour, pour le respect des cultures et des libertés. Des libertés pour lesquelles il intervient en milieu scolaire, accompagné par les professeurs, chefs d'établissements, dit-il. "On se retrouve devant des élèves qui nous prennent à partie, mais ça finit toujours bien", raconte-t-il au micro d'Europe 1. "Au début, ils ont des a priori, je leur demande donc ce qu'ils pensent, et s'ils ne sont pas contents, je leur dis 'eh bien vas-y tu peux me dessiner'", poursuit Plantu.

"La richesse de la culture française"

"Je leur dis de me dire jusqu'où ils veulent aller", ajoute le dessinateur, qui dit alors avoir une discussion sur ce que sont les mots "Liberté ; Égalité ; Fraternité". La liberté, développe-t-il, c'est la liberté de dire beaucoup de choses, celle qu'on essaie de partager dans les écoles. Quant à la fraternité, "elle signifie que l'on s'adresse à des frères et des sœurs", poursuit Plantu. "Une fois qu'on comprend ça, on essaie de réfléchir à faire en sorte de faire des dessins qui énervent - parce que c'est la richesse de la culture française -, et à la fois, on retient que le gars ou la fille qui va recevoir le dessin, c'est aussi mon frère ou ma sœur". Une délicate articulation que Plantu illustre par l'exemple de dessinateurs israéliens et palestiniens qu'il a, par le passé, déjà invités à échanger. "À la fin, le débat est la grande réussite de l'entrevue".

Aussi, pour Plantu, il est évident qu'il faut continuer à enseigner la liberté d'expression. Plus encore, "il faut défendre les dessinatrices et dessinateurs dans le monde". Mais il faut aussi continuer à écouter les enfants, "écouter leurs frustrations", dit-il. "Beaucoup d’enfants racontent mal leur frustration, alors je leur dis de venir les dessiner, pour les aider à mettre en valeur ces frustrations, et pour leur montrer jusqu'où on peut aller".