Jean-François Julliard 1280 Europe 1 3:31
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Anaïs Huet , modifié à
Il y a deux mois, quatre ONG s'associaient pour déposer un recours contre la France, dénonçant son "inaction climatique". Le succès de cette campagne et les réponses insatisfaisantes du gouvernement poussent les ONG à aller au bout de leur démarche.
INTERVIEW

Deux mois se sont écoulés depuis le lancement de "L'Affaire du siècle", cette campagne de mobilisation contre l'inaction climatique menée par quatre ONG environnementales. Largement relayée par des Youtubeurs et influenceurs sur les réseaux sociaux, la pétition, qui appelait à attaquer l'Etat français en justice parce qu'il ne met pas en place les politiques publiques lui permettant de respecter ses engagements environnementaux, avait récolté plus de deux millions de signatures.

Vendredi, François de Rugy, le ministre de la Transition écologique, a publié une lettre pour répondre aux ONG. Déçues par son contenu, elles sont plus déterminées que jamais à mettre leur menace à exécution.

"On n'a pas le choix". "Oui, on va aller en justice", a déclaré Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, au micro de Bernard Poirette, dimanche sur Europe 1. "On a rencontré Edouard Philippe et François de Rugy en fin de semaine dernière qui nous ont dit que le gouvernement était sur la bonne trajectoire, ce que nous ne pensons pas. Et que le gouvernement faisait ce qu'il fallait pour lutter contre le dérèglement climatique, ce que nous ne pensons pas non plus. A un moment donné, on n'a pas le choix", justifie-t-il. Jean-François Julliard fixe à mardi le jour du dépôt de plainte.

"L'Etat n'est pas à la hauteur". Pour le militant écologiste, la lettre de dix pages envoyée par François de Rugy "ne répond en rien aux carences, aux manquements de l'Etat pour lutter sérieusement contre le dérèglement climatique." Dès lors, la Fondation pour la nature et l'homme, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France vont "essayer de convaincre un juge que l'Etat n'est pas à la hauteur, n'a pas l'ambition suffisante pour lutter sérieusement contre le dérèglement climatique."

L'écologie, "une variable d'ajustement". Selon Jean-François Julliard, "ni Emmanuel Macron, ni Edouard Philippe ne sont totalement convaincus que l'environnement doit être une priorité absolue." "On a le sentiment que ça reste une variable d'ajustement, quelque chose qu'on va faire quand on aura réglé tous les autres problèmes", poursuit-il. Or, il y a urgence à agir, surtout si la France veut tenir ses engagements pris à l'échelle nationale, européenne et internationale (Accords de Paris).

Des objectifs loin d'être atteints. "La France est censée atteindre 23% d'énergies renouvelables à l'horizon 2020. En 2017, on était à 16,5%. Aujourd'hui, on pense qu'on a à peine augmenté. Donc on n'atteindra jamais cet objectif. Et sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, essentielle pour lutter contre le dérèglement climatique, on a pris du retard", illustre le patron de Greenpeace France.

Pourtant, "l'Etat français, à travers sa constitution, a une obligation de protection de la population et de l'environnement dans lequel on vit. Ce que l'on montre, c'est qu'il y a une carence fautive de l'Etat, parce qu'il n'a pas déployé suffisamment de mesures de politique publique."