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Virginie Salmen, édité par Maxime Dewilder
Les ventes de pesticides ont augmenté de 24% en 2018 par rapport à 2017 selon les chiffres du ministère de l'Agriculture alors que le gouvernement table sur une diminution de 50% d'ici 2025.
REPORTAGE

Le ministère de l'Agriculture a publié des chiffres établissant que l'utilisation des pesticides a bondi de 24% en 2018 par rapport à 2017. Ces chiffres intoxiquent les objectifs gouvernementaux, fixés à -50% d'utilisation de pesticides en 2025. Deux plans successifs infructueux, baptisés Ecophyto et Ecophyto II+, ont pourtant coûté plus de 700 millions d'euros afin que cette utilisation diminue.

Il y n'y a pas une mais plusieurs explications à cette hausse spectaculaire des ventes. D'abord, certains agriculteurs auraient fait des stocks de pesticides, en prévision d'une nouvelle taxe applicable en 2019. C'est une partie de l'explication.

Cultures plus résistantes

Ensuite, il faut plus de produits par hectare car les cultures deviennent plus résistantes. C'est ce qu'avance Claudine Joly, experte du dossier pour France nature environnement : "C'est exactement le même fonctionnement que pour les antibiotiques. Les mauvaises herbes résistent, progressivement, aux herbicides. Si l'agriculteur veut avoir la même efficacité avec des parcelles parfaitement propres, il doit mettre de plus en plus d'herbicide".

Entendu sur europe1 :
Une grande partie des agriculteurs ont simplifié de manière massive leur système.

Mais cette hausse fulgurante des ventes cache une augmentation en continu depuis 10 ans, plus inquiétante encore. Pour Pierre-Marie Aubert, chercheur à l'IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), la première explication est économique et liée au marché mondial : "Une grande partie des agriculteurs ont simplifié de manière massive leur système en agrandissant et en recourant de plus en plus à la chimie pour pouvoir, avec une seule personne, exploiter des surfaces toujours plus grandes".

Diversifier à nouveau les cultures

"On se retrouve avec des fermes qui font 200 voire 250 hectares alors que ce n'était pas du tout le cas il y a 25 ans", explique-t-il encore avant de conclure : "Dans une exploitation de cette nature, la chimie est indispensable". Selon les experts, pour freiner cette courbe des ventes de pesticides, il faut commencer par diversifier à nouveau les cultures et recréer des prairies avec des animaux et du bétail.