Pénurie d'enseignants : le rectorat de Toulouse organise un job dating

Job Dating
Au sein de l'Académie de Toulouse, on affirme vouloir attirer de "nouveaux profils". © Benjamin Peter/Europe 1
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Benjamin Peter , modifié à
Pour faire face à la pénurie d'enseignants, le ministère de l'Education Nationale a régulièrement recours à des contractuels. Des personnels qui n'ont pas les diplômes pour devenir professeurs mais qui viennent d'horizon parfois divers le plus souvent en tant que remplaçants. À Toulouse, le rectorat organisait jeudi un job dating pour attirer de nouveaux profils.

"Vous êtes disponible rapidement ?" Face à Mehdi un responsable du pôle Ressources Humaines de l'Académie, et un inspecteur. Il est titulaire d'un Master 2 de recherche en Lettres et aimerait pouvoir enseigner en collège ou en lycée. "Je serais débutant", admet-il devant ses examinateurs. "Je n'ai jamais enseigné devant une classe". Comme lui 450 candidats sont venus dans cette grande salle qui accueille ce job dating. Des contractuels, l'Académie en recherche 80 dans toutes les matières. Emilie, elle, postule pour un poste en mathématiques ou en physique-chimie. "Quels sont vos diplômes ?", lui demande la personne qui la reçoit. "Je suis titulaire d'un doctorat en Sciences de l'Univers", répond la candidate.

Un profil atypique pour quelqu'un qui aspire à devenir contractuel. Un poste pour lequel elle touchera 1.600 euros net à ses débuts. "Je pensais que la recherche me conviendrait bien mais, finalement, ça m'a beaucoup plus plu de donner des enseignements pendant ma thèse que de faire de la recherche", admet-elle. "Je pense que je peux beaucoup plus apporter aux élèves en leur montrant, concrètement l'application de la physique-chimie." Elle voit ce poste de contractuelle comme une première étape avant de passer l'agrégation.

"Je me sentirais utile"

D'autres sont venus en reconversion. C'est le cas de Pascouale. Après 30 ans en tant qu'ingénieure, elle a perdu son emploi et se propose comme professeure de technologie. "Ils sont intéressés, ils gardent mon CV et je pense que je vais avoir des nouvelles bientôt parce qu'en techno il y a des besoins", explique-t-elle. "J'ai été manager devant des équipes, c'est presque pareil que devant une classe. Mettre à disposition mes expériences et mes connaissances, ce serait une façon de boucler la boucle, de former des jeunes. Je me sentirais bien utile."

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© Benjamin Peter/EUROPE 1

Après un processus de sélection, tous sont susceptibles de se retrouver devant une classe très rapidement. Pour certains, dans une quinzaine de jours à peine. Mais pour Vincent Denis, le secrétaire générale de l'Académie de Toulouse, on ne les abandonne pas. Ils seront accompagnés. "Il y a tout d'abord un processus de formation de quelques jours. Puis ils seront accompagnés par l'ensemble de l'équipe pédagogique de l'établissement qui les recevra et par les inspecteurs de leur discipline qui les suivront avec attention", détaille-t-il.

Lui se félicite que des profils aussi différents puissent être amenés à donner des cours aux élèves. "C'est plutôt une bonne nouvelle de pouvoir être en mesure d'attirer de nouveaux profils", estime-t-il. Les syndicats d'enseignants de leur côté dénoncent un "bricolage" pour masquer la pénurie de professeurs.

"La dégradation à venir du système éducatif"

Pour Pierre Priouret, le secrétaire académique du SNES FSU, la nécessité d'avoir recours à des contractuels révèle qu'il y a un problème d'attractivité. "C'est pour nous le signe d'une dégradation à venir du système éducatif", insiste-t-il. Lui s'interroge sur la formation de ces personnels et sur leurs capacités à intervenir devant des élèves. "L'expérience professionnelle dans un cadre très éloigné de l'enseignement ne garantit pas que la personne maîtrisera les qualités du métier dans lequel il s'engage", indique-t-il.

Il ajoute : "Par ailleurs, il faut aussi réussir à fidéliser les profils de qualité. Or leur faible rémunération peut conduire un certain nombre d'entre eux à la démission. C'est un phénomène qu'on observe très régulièrement". Eux souhaiteraient que le ministère propose des formations rémunérées en échange d'un engagement à passer les concours de l'enseignement et à exercer pendant plusieurs années."