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Thibaud Hue , modifié à
Alors qu'en France une station service sur trois est à sec d'au moins un carburant, une question revient en boucle dans les files d'attentes : que fait le gouvernement ? Gestion du stock, blocages qui s'éternisent, priorités à la pompe… Les usagers s'interrogent… et s'agacent.

Aller travailler est devenu un défi. Les pompes à essence de France sont à sec depuis les blocages des raffineries de Total. Dans près d'une station sur trois il manque du carburant, et c'est même près de la moitié des pompes dans les Hauts de France et en région parisienne. Dans les files d'attente, c'est l'incompréhension. La même question revient toujours, accompagnée du sentiment d'agacement et d'impuissance face à une situation critique : que fait le gouvernement ? "Arrivé à ce stade, il faudrait que l'État réagisse", commence une automobiliste.

L'incompréhension face à des réponses tardives

"J'ai cru comprendre qu'il y avait des réserves donc peut-être mettre les réserves un peu plus à la disposition des usagers, parce que dans le gouvernement, eux, ne sont pas confrontés à ce que nous vivons tous les jours", ajoute-t-elle. "La réaction est peut-être un petit peu tardive", complète un autre usager.

"Ils ont laissé les camions pouvoir rouler ce week-end, mais je n'en ai pas vu beaucoup et donc il aurait dû y avoir des stations avec le plein de carburant et ce n'est pas forcément le cas. C'est vrai qu'en terme de réactivité, c'est un peu long." Tous décrivent une situation invivable. 

Repenser le quotidien

Assis à l'avant de sa voiture noire, Alexandre met le contact et pointe du doigt son niveau d'essence. Son réservoir est presque à sec. Alors pour travailler, cet assureur parisien doit se réorganiser. "Là il n'y a plus rien. Sachant que c'est à Rungis, c'est limite pour faire l'aller-retour. J'ai la chance de pouvoir travailler de chez moi, donc c'est ce que je vais faire à partir de mardi", confie-t-il.

Mais d'autres ne peuvent pas se passer de la voiture pour aller travailler. C'est le cas d'artisans, comme Lionel, couvreur en région parisienne. Bientôt sans essence, il sera bloqué chez lui. "Sur mon véhicule utilitaire, j'arrive en réserve. Pour moi, c'est net : c'est ce qui me permet de travailler. Je ne peux pas prendre les transports avec tout mon matériel. Je fais mon travail, c'est mon gagne pain. J'ai une petite fille, je sais pas ce que je fais, je me mets au RSA ?", s'inquiète-t-il.

Et une inquiétude pour la suite

"On est en France, on n'est pas dans le tiers monde, on est dans un pays très en avance technologiquement, je ne sais pas où ils veulent nous mener, mais en tout cas, moi, ils me mèneront pas par le bout du nez", s'agace un nouvel automobiliste. La Première ministre a promis des améliorations tout au long de la semaine grâce aux livraisons de stocks stratégiques pour répondre à cette crise.

De son côté, la CGT va se prononcer ce lundi sur la grève dans les raffineries Total. La direction a tendu la main aux syndicats et donner son accord pour avancer les négociations salariales dès ce mois ci, à une condition : la fin des blocages.