François Ozon saura lundi si son film "Grâce à Dieu" sort bien mercredi

Régine Maire assigne le réalisateur François Ozon pour que son nom soit retiré du film "Grâce à Dieu".
Régine Maire assigne le réalisateur François Ozon pour que son nom soit retiré du film "Grâce à Dieu". © ERIC CABANIS / AFP
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avec AFP , modifié à
Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a indiqué vendredi que sa décision serait connue "lundi à partir de 16 heures".

Le réalisateur François Ozon saura lundi si "Grâce à Dieu", son film inspiré de faits réel dans lequel un prêtre est mis en cause nommément pour des actes de pédophilie, sortira en salles mercredi prochain.

Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a indiqué vendredi que sa décision serait connue "lundi à partir de 16 heures". Il avait été saisi le 1er février par la défense d'un prêtre lyonnais, le père Bernard Preynat, mis en examen depuis février 2016 pour agressions sexuelles sur mineurs, placé sous le statut de témoin assisté concernant des faits de viols présumés sur trois autres mineurs, et qui pourrait être jugé en cette fin d'année.

Tous les noms ont été changés, exceptés pour deux protagonistes. Sa demande: suspendre la sortie prévue mercredi prochain du long métrage jusqu'à la décision de son procès. "Grâce à Dieu" raconte la naissance de l'association de victimes "La Parole Libérée", fondée par d'anciens scouts lyonnais qui ont dénoncé les agissements de Bernard Preynat. Dans son film, Ozon a changé les noms des victimes, sauf le sien et ceux du cardinal Barbarin et de l'ancienne bénévole du diocèse Régine Maire, actuellement jugés pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements du père Preynat. Le verdict de ce procès est prévu le 7 mars.

Présomption d'innocence. Régine Maire a de son côté mis en demeure François Ozon de retirer son nom du film. Une décision sera prise lundi à Lyon. Vendredi, l'avocat du père Preynat a argué que le film "va à l'encontre de la présomption d'innocence dont bénéficie son client". "Dans le film, Bernard Preynat est-il présenté comme coupable ? Assurément oui. Or mon client est placé sous le statut de témoin assisté pour les faits de viol. A-t-il été jugé coupable par la justice ? Non", a établi Maître Emmanuel Mercinier.

Film, fiction et réalité. De son côté, Maître Benoît Goulesque-Monaux, un des deux avocats du producteur "Mandarin Cinéma" et du distributeur "Mars Films", a répondu qu'"un carton, inséré dans le film, précise que le père Preynat n'a pas été jugé et que dans l'attente de son procès, il bénéficie de cette présomption d'innocence". Il a insisté sur le fait que "le procès du père Preynat n'est pas le sujet du film", lequel "ne donne pas la possibilité au spectateur de juger Bernard Preynat". "La défense argue que ce film est une fiction. Or le nom de Bernard Preynat est prononcé plus de cent fois (...)", a répliqué Me Mercinier. "La défense dit que les faits exposés sont avérés et reconnus, qu'il y a eu des aveux. Mais de quels aveux parle-t-on, de quels faits parle-t-on ? Quel nombre, quelle nature, quelle circonstance ? Le père Preynat a reconnu DES faits, mais pas LES faits pour lesquels il est présenté coupable", a-t-il rappelé.

"Une mesure de report serait la mort de ce film". "Le film de François Ozon sera-t-il la dernière victime du Père Preynat ?", a pour sa part demandé Me Paul-Albert Iweins, l'autre avocat de la défense, fustigeant l'argumentaire de la partie adverse: "Je demande qu'on me pardonne mais je demande qu'on assigne un film qui porte atteinte à ma présomption d'innocence ? Allez sur le site du diocèse de Lyon, tout y est ! Les témoignages de +La parole libérée+, ses lettres d'excuses...". Et de conclure: "une mesure de report serait la mort de ce film", en lice pour l'Ours d'or à Berlin et dont la copie est parvenue à 307 salles françaises.